C'est la seconde fois que le chef de l'Etat se déplace ces derniers mois à Kandahar, fief des taliban et objectif-clé pour les forces de l'Otan dans leur stratégie de contre-insurrection. Le président afghan Hamid Karzaï a demandé hier aux habitants de Kandahar (sud) leur soutien pour «nettoyer» la ville des taliban alors que l'offensive conduite par les forces internationales est ralentie et que les violences se multiplient. C'est la seconde fois que le chef de l'Etat se déplace ces derniers mois à Kandahar, fief des talibans et objectif clé pour les forces de l'Otan dans leur stratégie de contre-insurrection. M.Karzaï s'est adressé à des centaines de chefs tribaux et habitants de Kandahar. «J'ai besoin de commencer l'opération de nettoyage de l'ennemi. Nous avons besoin de votre aide et de votre soutien», a déclaré le président afghan aux chefs tribaux assis en tailleur sur un immense tapis rouge. Les centaines de personnes réunies ont levé leurs mains en signe de soutien. «A l'heure actuelle, la vie à Kandahar n'est pas une belle vie. Mais pas à pas, nous pouvons aller de l'avant», a ajouté M.Karzaï. Le chef d'Etat était arrivé auparavant à Kandahar, accompagné du commandant des forces internationales, le général américain Stanley McChrystal. Troisième ville du pays, Kandahar est le fief historique des taliban et le théâtre de nombreuses violences. Reprenant les propositions de la jirga de la paix, cette assemblée traditionnelle de représentants des tribus et de la société civile réunis au début du mois à Kaboul, M.Karzaï a promis que les personnes soupçonnées de liens avec l'insurrection mais détenus sans preuve seraient libérées dans «les prochaines semaines». Il a également demandé aux taliban d'écouter l'appel à la paix de la jirga et de déposer les armes. «Les habitants ont exprimé leur soutien» a déclaré Ghulam Jilani Popal, un haut fonctionnaire, soulignant toutefois que le scepticisme persistait. «En Afghanistan, les gens attendent de voir pour juger», a-t-il dit. La venue de M.Karzaï intervient après la mort mercredi soir de 50 personnes dans un attentat suicide perpétré en plein milieu d'un mariage au nord de Kandahar. Cette attaque, l'une des plus meurtrières depuis un an, n'a pas été revendiquée par les taliban qui ont démenti toute implication. Elle s'est produite au milieu d'une série noire pour les forces internationales de l'Otan qui ont perdu 30 soldats dans la semaine. Les forces de l'Otan et les troupes afghanes sont engagées à Kandahar depuis quelques semaines dans un début d'offensive avec pour objectif de rétablir l'autorité de Kaboul dans la ville et la province. Mais l'opération «sera conduite plus lentement que nous ne l'avions prévu au départ», avait reconnu jeudi le général McChrystal. L'Otan a repoussé «de deux à trois mois» une partie de l'offensive qu'elle avait préparée contre les insurgés dans certains districts, selon un responsable militaire américain. A Kandahar, la population est victime d'actes d'intimidation et du racket des taliban. Les forces internationales se heurtent à la corruption qui mine les efforts déployés pour gagner le soutien des habitants. «Je ne pense pas que cela sera très différent de ce que c'est aujourd'hui. L'impression sera très différente. Il y aura plus de police. Plus de mères de famille seront apaisées avec l'idée que leurs maris vont prier à la mosquée. Je pense qu'il y aura moins d'assassinats», a déclaré le général McChrystal, interrogé sur ce à quoi ressemblerait Kandahar après plusieurs mois d'offensive. Le général américain a estimé que toute la province de Kandahar ne serait pas sécurisée d'ici à la fin de l'année mais que les forces internationales auraient beaucoup avancé.