La situation dans cette région demeure très préoccupante. Rien n'indique que cette campagne, habituellement riche en débat, aura lieu dans de bonnes conditions, à même de permettre aux électeurs de choisir en toute sérénité. Tous les indices, en effet, tendent vers une situation inédite, eu égard aux derniers développements regrettables à plus d'un titre. Les débats publics, souhaités dans un cadre pacifique honorant davantage les traditions de la région, entre les partisans du rejet des élections et les partis en lice, cèdent de plus en plus le pas à la virulence dans le verbe caractérisée par les injures, insultes et dénaturant, à coup sûr, le caractère pacifique de cette campagne poussant encore la population à l'isolement et au désintérêt vis-à-vis de la chose politique. Contrairement aux citoyens des autres contrées du pays, ceux de la Kabylie sont courtisés quotidiennement depuis quelques mois par les protagonistes de cette consultation électorale qui reste, il faut le dire, la plus redoutée de l'histoire de l'Algérie indépendante. Le mouvement citoyen, né des douloureux événements d'avril 2001, a actionné ses structures au lendemain de l'adoption à Ath Zmenzer du «principe du rejet des élections jusqu'à la satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur» pour contrecarrer un scrutin, considéré comme «une caution au régime» en multipliant les meetings dits de proximité. Pratiquement chaque jour, les citoyens sont appelés «à barrer la route aux locales», le glissement de la sémantique et le ton tranchant du discours développé par les animateurs n'ont pas tardé à induire des comportements fortement redoutés. Au-delà de la détermination que dénote la teneur du discours, il n'empêche que certains l'ont saisi comme appui pour s'adonner aux actes dénoncés par l'ensemble des acteurs politiques intervenant dans la région. L'apparition des actes de vandalisme et d'intimidation touchant principalement le FFS, et à un degré moindre le FLN, a créé un climat de suspicion au sein d'une opinion qui, présentement, redoute le pire. L'espoir né de la participation du FFS et de la libération des détenus du mouvement citoyen aura été de courte durée. La tension régnante et l'évolution radicale du discours des uns et des autres semblent avoir donné à réfléchir à certains animateurs. Ali Gherbi, devant le danger qui guette la région, s'est exprimé publiquement pour «le non-empêchement des meetings électoraux». Dans une déclaration rendue publique par le comité qu'il préside, il est soulevé plusieurs interrogations appuyées de reproches à l'endroit de l'interwilayas qu'il accuse «de mutisme devant les derniers développements survenus sur la scène régionale». A l'adresse de ceux, qui «s'apprêtent à proclamer l'autonomie de la Kabylie», il rappellera: «L'Algérie est unie et indivisible.» De son côté, le Front des forces socialistes s'est refusé à verser dans la surenchère. Les propos conciliants, tenus lors de la sortie réussie à Ouzellaguen, témoignent de l'option politique du FFS dans cette campagne. Ce week-end sera très révélateur de ce que seront les prochains jours. Le FFS sera, aujourd'hui, à Kendira et demain à Akbou, tandis que les ârchs seront les hôtes de Tizi n'Berber.