Nul doute, la gestion désastreuse des communes du pays, ces dernières années, sera son thème dominant. C'est aujourd'hui que démarre la très attendue campagne électorale pour les élections communales et de wilaya dont le jour du vote est fixé au 10 du mois prochain. Coincée entre les récentes législatives du mois de mai dernier et la présidentielle de 2004 qui arrive à grands pas, la campagne des partis politiques pour cette consultation électorale, bien qu'elle concerne directement les problèmes quotidiens des citoyens, ne semble pas paradoxalement vraiment emballante pour ces derniers qui sont, il va de soi, les futurs électeurs de ce scrutin. Pourtant les enjeux ne sont pas minimes dans la mesure où ce sont les 1541 communes et les 48 wilayas que compte le pays qui vont, théoriquement, changer de personnel qui était, en principe, chargé de la gestion et du traitement des problèmes quotidiens du citoyen. Certes, autant les pouvoirs publics que les formations politiques ont essayé de préparer ce rendez-vous le plus sereinement du monde avec les moyens matériels et les structures organisationnelles nécessaires à ce genre d'événements. Mais l'écho de la rue et donc des citoyens qui attendent de la part de leurs élus beaucoup plus d'action que de discours, ne cache pas leur désillusion anticipée et publiquement affichée vis-à-vis des futurs locataires des communes et des wilayas tant leur rancoeur et leur mécontentement relatifs à la gestion passée de leurs localités a été indigne de la confiance placée en eux par les électeurs. C'est que le lourd passif de la gestion locale antérieure du pays est là. Et de l'avis de nombre de citoyens, le bilan des mandats de cinq ans des élus n'est pas seulement négatif, il est catastrophique et pas seulement en termes de gestion des affaires des administrés, mais également et surtout en termes de dépassements, d'abus de confiance, d'autorité ou de biens sociaux de la collectivité. Et cela ne concerne pas seulement le dernier mandat qui s'achève avec ces élections, mais touche aussi aux dérives constatées déjà du temps des fameux DEC. Les multiples émeutes qui ont éclaté ces dernières années aux quatre coins du territoire national et qui sont devenues ces derniers mois la principale donne de l'actualité locale et souvent nationale, expriment ainsi les déviances et les insuffisances d'un système de gestion locale basé depuis belle lurette sur un clientélisme politique débridé, des passe-droits flagrants et une corruption autant dangereuse que patente qui éloigne les communes du pays d'une véritable gestion moderne et surtout d'une équité de tous devant les lois et autres règlements du pays. Il n'y a qu'à voir l'ironie et la dérision des citoyens honnêtes et impuissants lorsqu'ils parlent de l'engouement et de l'inflation de candidats douteux pour s'inscrire sur les listes électorales de certains partis politiques, une précipitation, qui, selon ces citoyens, laisse deviner que ces candidats sont attirés avant tout par leurs intérêts immédiats et bassement matériels que par une quelconque volonté sincère de servir la collectivité et les citoyens. Dans ces conditions, tous les préparatifs des partis politiques et l'intense activité qui a caractérisé ces derniers jours leurs sièges et leurs permanences, risquent d'être inopérants pour regagner un tant soit peu la confiance des citoyens fortement ébranlée par l'évolution qu'a connue ces derniers temps le pouvoir local. Les panneaux d'affichage installés, les affiches et les dépliants des programmes tirés et les thèmes de la campagne électorale ficelés et fixés, les partis politiques vont se déployer à partir d'aujourd'hui pour faire valoir leurs thèses quant aux solutions à trouver et à mettre en pratique sur le terrain pour répondre aux doléances des citoyens. Mais les slogans de campagne des partis politiques restent, malgré toute, la détresse des citoyens plus près de la rhétorique stérile que d'un véritable traitement de choc de sortie de crise. Du FLN qui entend, dans pas moins de 25 meetings à travers le pays, «défendre la dignité du citoyen et résoudre ses problèmes quotidiens», au RND qui va évoquer tout au long de ses 23 meetings «l'importance des Assemblées locales dans la gestion locale» en passant par le MSP qui prône: «Aidez-vous les uns les autres» et le FFS qui est, lui, «pour une bonne gestion locale» ou encore El-Islah qui se veut rassembleur en clamant: «Ensemble pour la réforme et l'édification», les partis politiques restent prisonniers de voeux creux sans prise sur le réel et le langage concret que les citoyens veulent entendre. Autant dire donc que la «descente aux enfers» vécue par ces derniers dans leur isolement local n'est pas près de se terminer simplement par l'évocation de ces discours dont le moins qu'on puisse dire à leur sujet est qu'ils sont très électoralistes.