George W. Bush promet la fin du terrorisme international. A-t-il réellement les moyens d'atteindre cet objectif? La donne actuelle montre que rien n'est encore acquis. Trois options sont retenues par les militaires dans le cadre de la riposte aux attentats terroristes anti-américains: les frappes chirurgicales, des bombardements massifs, à l'image des opérations lors de la guerre du Golfe ou une véritable invasion des pays accusés d'héberger les terroristes intégristes. La première possibilité a déjà été tentée en Afghanistan et au Soudan et a largement montré ses limites. Le bombardement du repaire de Ben Laden n'a eu aucune espèce d'influence sur les activités de la Qaida, organisation du terroriste saoudien. Les experts militaires de l'OTAN mettent en doute l'efficacité d'une action de grande envergure et limitée dans le temps, pour la simple raison que la situation est très différente de celle qui prévalait en Irak lors de la guerre du Golfe. La cible à atteindre, cette fois, n'est pas un Etat structuré, mais un seul personnage à la tête d'une petite armée très mobile avec une parfaite connaissance du terrain. Cet état de fait pousse les mêmes experts à estimer que la riposte la plus rentable militairement serait une intervention directe avec des troupes héliportées, entraînées à la technique de combats anti-guérilla. Une solution certes radicale, mais qui présente beaucoup de risques. D'abord, la guerre sera, en tous points, comparable à celle qui a opposé l'armée russe aux troupes islamistes. Ces dernières disposent déjà d'une expérience certaine dans ce genre de confrontation et peuvent très bien voir ses effectifs décupler à travers un recrutement massif d'intégristes islamistes du monde entier. Ensuite, il y a lieu de s'attendre à ce que les réseaux terroristes implantés en Europe et aux Etats-Unis, multiplient les attentats meurtriers, dans le but de porter la guerre au coeur de l'Occident. George W.Bush, qui a affirmé, dans l'une de ses allocutions, que la guerre sera longue et douloureuse, ne croit pas si bien dire. Il devient donc important, estiment les observateurs, de gérer politiquement la crise de façon à éviter tout pourrissement de la situation, dans le cas d'une guerre coûteuse en vies humaines dans les pays ciblés et même dans les capitales occidentales. L'option d'une intervention directe des armées de l'OTAN, qui semble incontournable, se doit d'être la plus courte possible dans le temps pour éviter un retournement des opinions publiques occidentales qui, dans le cas d'un enlisement de la situation militaire, seraient récupérées par des forces politiques hostiles à la solution militaire. En effet, il faut savoir que dans chaque pays européen, il est des courants politiques, d'extrême droite généralement, qui rejettent viscéralement le concept de mondialisation. Ces derniers ne laisseront pas passer l'occasion pour monter les populations contre les tenants du tout-sécuritaire, lesquels se recrutent aujourd'hui dans les rangs des «mondialistes». Le risque dans un pareil cas de figure est de voir, à moyen terme, les nationalismes reprendre du poil de la bête, faisant faire à l'Occident un saut dans le passé qui mettrait entre parenthèses, pour un temps, la mondialisation. Les peuples européen et américain auront à vivre une ère de grande incertitude, plus difficile, peut-être que celle de la Seconde Guerre mondiale, pour la simple raison qu'en cas de confrontation avec les troupes de Ben Laden, la guerre sera ressentie au sein même de leurs villes et villages sans aucune espèce d'avertissement et ce, outre les pertes humaines dans les armées qui risquent d'être importantes. Ce scénario-catastrophe est sérieusement envisagé par les états-majors politiques qui ne veulent pas entrer dans une logique de guerre, dont les premiers perdants seraient les régimes actuels qui ont fait en sorte que la globalisation soit incontournable. Un coup d'arrêt au processus serait une véritable hécatombe pour nombres de pays qui ont construit toute leur économie sur ce principe. Cela pour dire que les terroristes ont réussi «un coup de maître», dont les répercussions auront un impact sur la géopolitique mondiale. Les Américains se doivent de faire quelque chose au vu du nombre effarent de victimes. Les dirigeants européens, eux, tout en reconnaissant aux Américains leur droit de riposte, craignent pour la stabilité de l'équilibre mondial. Entre les deux, une opinion publique aujourd'hui sensibilisée, mais qui peut changer d'avis, si les militaires échouent dans leur entreprise, avec le risque d'une radicalisation des peuples musulmans. Cela laisse une marge de manoeuvre très étroite aux politiques qui affrontent là sans doute, l'une des plus graves crises de ce troisième millénaire. Le défi n'est donc pas militaire, mais essentiellement politique.