La scène irakienne s'anime ces derniers temps avec la recrudescence des attentats contre les soldats de la coalition et l'annonce du plan de Washington pour transférer la souveraineté aux Irakiens. Cela coïncide avec la réapparition du président irakien déchu et la demande européenne de clarifier la position US. Londres est sous haute surveillance à l'occasion de la visite qu'effectue, cet après-midi, le président américain pour se concerter sur l'Irak avec le Premier ministre britannique à la lumière des derniers développements. Les manifestations annoncées par les mouvements pacifistes londoniens et les menaces d'attentats terroristes ont poussé les services de sécurité britanniques à décréter un état d'alerte grave. C'est dire que la venue de George Bush sur la Tamise ne laisse personne indifférent, notamment les opposants à la guerre contre l'Irak. Ils sont près de deux Britanniques sur trois, 60%, à considérer le chef de la Maison- Blanche comme une menace pour la paix dans le monde. L'évolution de la situation en Irak depuis la fin de la guerre, le 1er mai dernier, n'est point favorable à Bush et à son allié inconditionnel Blair. Les deux hommes ont laissé des plumes dans l'opération, qui a sensiblement affecté leur popularité, désormais en deçà de la moyenne. La recrudescence des attaques contre les soldats US en particulier et de la coalition en général, qui a fait plus de deux cents morts, a poussé les Etats-Unis à annoncer une accélération du transfert de la souveraineté aux Irakiens. Devant l'ambiguïté de cette démarche, l'Union européenne a demandé plus d'éclaircissements aux Américains sur ce plan, alors que la France estime que le délai de l'été 2004 est trop éloigné. L'UE mettra à profit la visite à Bruxelles du chef de la diplomatie américaine pour avoir davantage d'explications sur les intentions réelles de Washington. Les pays membres de l'UE espèrent que l'administration a changé d'orientation dans la gestion de la crise irakienne, qui touche et préoccupe toute la communauté internationale et pas uniquement la coalition militaire qui occupe l'Irak. Ainsi, outre l'échange de vues qu'il aura avec ses homologues européens, Colin Powell va chercher à être plus convaincant pour rallier la vieille Europe aux thèses américaines. Mais rien n'indique une telle issue, à voir l'intransigeance de Paris et Berlin à exiger une sortie de crise rapide tout en refusant de s'impliquer dans l'opération. Pendant ce temps, la violence redouble d'intensité à travers le territoire irakien et le nombre de morts au sein de l'armée coalisée augmente de jour en jour, confirmant les prédictions de Saddam Hussein faites avant l'invasion de son pays. Le président déchu est revenu au-devant de la scène médiatique, dimanche, par le biais d'un nouvel enregistrement audio diffusé par la chaîne d'information Al-Arabiya, et dans lequel il annonce son retour prochain au… pouvoir, après qu'il aura fait fuir l'armada américaine à laquelle il promet, une fois de plus, l'enfer. En attendant d'autres développements, la scène irakienne ne laisse personne insensible, à commencer par les Britanniques et les Américains, qui montrent des signes d'inquiétude au fur et à mesure que le nombre de leurs soldats tués prend de l'ampleur. Blair et Bush ont intérêt à agir vite s'ils ne veulent pas voir leur image discréditée davantage. Reste à savoir sur quoi va déboucher leur rencontre d'aujourd'hui. K. A. Selon l'armée américaine L'organisateur des attaques Anti-US à Bagdad arrêté L'armée américaine a annoncé hier avoir arrêté un ancien officier des forces spéciales irakiennes qui serait responsable, selon elle, de l'organisation des attaques contre ses soldats dans la région de Bagdad. Kassim Mohammad Faris, considéré comme “un ancien officier des forces spéciales irakiennes et chef des fedayines (milice du parti Baath dissous), soupçonné d'être responsable d'attentats à l'explosif et d'embuscades contre les forces de la coalition”, a été arrêté samedi dans la ville de Habbaniya, a précisé l'armée us dans un communiqué. Les soldats ont saisi deux mitrailleuses, six fusils d'assaut ak-47, d'autres armes, un ordinateur, un fax, des masques de protection chimique et deux nouvelles voitures, selon le communiqué. Toujours selon l'armée américaine, Kassim Faris serait “étroitement lié” à Khamis Sirhan Al-Mouhammad, n°54 sur la liste des responsables irakiens les plus recherchés par les forces de la coalition. Un expert américain des questions arabes “La réélection de Bush incertaine” Le processus de réélection du président américain George W. Bush en novembre de l'année prochaine pourrait être remis en cause par les attaques répétées contre les forces américaines déployées en Irak, a indiqué dimanche un spécialiste américain des problèmes arabes au journal costaricien National. “L'occupation militaire américaine de l'Irak est un facteur important qui affectera les élections présidentielles de l'année prochaine, bien que la réélection de Bush soit tributaire de l'essor économique des états-Unis”, a indiqué Hussein Ibish, directeur de communication du comité arabo- américain contre la discrimination. “La guerre en Irak est une tragédie potentielle pour ceux qui l'ont déclenchée, car toutes les raisons qui y ont conduit sont basées sur des informations illusoires”, a-t-il dit, ajoutant que “ces personnes perdaient leur crédibilité, ayant échoué à montrer la présence d'armes de destruction massive en Irak et à prouver les liens entre le régime de l'ancien président irakien Saddam Hussein et le groupe terroriste Al-Qaïda”. Quant à l'avenir de l'Irak, M. Ibish a indiqué que “les affirmations selon lesquelles le principal objectif de la guerre en Irak consistait à promouvoir la démocratie au Moyen-Orient, n'étaient que des affabulations de la part de certains conservateurs de type nouveau”, aux états-Unis.