Une semaine après les attentats meurtriers contre les Etats-Unis, la situation demeure confuse, même s'il se dégage aujourd'hui de manière claire un consensus mondial pour l'éradication totale du terrorisme. Le consensus mondial est un acquis important de la communauté internationale dans la lutte qui va s'engager contre ce «phénomène mondial» et ses ramifications où qu'elles se trouvent. Reste cependant à s'accorder sur la façon de mettre sur pied une action convergente internationale contre un fléau dont le monde a découvert incrédule et stupéfait la puissance et la nocivité. Pressé par son opinion publique, le président américain George W.Bush cherche à frapper vite et fort. D'où ses consultations tous azimuts avec les dirigeants européens, russes, chinois, arabes et musulmans pour préparer une riposte organisée contre les hordes barbares. Le problème en vérité est de savoir où frapper et qui frapper. C'est sans doute là toute la difficulté à laquelle se heurtent les dirigeants du monde. Car il s'agit prioritairement de ne point commettre d'erreur tragique en ciblant des objectifs aveugles. D'autant que le but premier demeure l'annihilation de l'hydre qu'est le terrorisme international dont nombreuses sont les bases arrière au sein du monde occidental. Les Américains, et c'est de bonne guerre, focalisent sur l'un des leaders du terrorisme mondial, Oussama Ben Laden. Cela n'autorise pas, néanmoins, la première puissance mondiale à utiliser son arsenal militaire - impressionnant - sans avoir auparavant fixé des objectifs précis, au risque de faire payer des innocents. C'est sans doute en pensant à cette difficulté, que les dirigeants du monde arabe et musulman, insistent sur le fait, indispensable selon eux, de faire face au terrorisme dans le cadre des institutions de la légitimité internationale. Tout, en fait, est là! Organiser une riposte, certes nécessaire, mais en la plaçant sous l'égide irremplaçable qui demeure l'Organisation des Nations unies seul cadre apte à coordonner la coopération internationale contre le phénomène terroriste. De fait, le Conseil de sécurité de l'ONU est passé à l'action en exigeant des taliban la remise «immédiate et sans condition» du terroriste Oussama Ben Laden. Ce dernier désigné par les USA comme le criminel suspect n°1 dans les attentats anti-américains, se terre quelque part en Afghanistan. Aussi, indique-t-on au siège de l'ONU à New York, «le Conseil de sécurité n'a qu'un message pour les taliban: mettre en oeuvre les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, en particulier la résolution 1333, immédiatement et sans condition». Le chef des taliban qui vient d'exonérer Ben Laden de toute responsabilité dans les attentats anti-américains, exclut son extradition sans preuves. Le mollah Omar qui s'est «insurgé» contre «les menaces» des USA, affirme que les taliban «n'ont pas permis (à Ben Laden) d'utiliser le territoire afghan contre quiconque», ajoutant cependant: «Nous avons dit que s'il y avait des preuves établissant la culpabilité d'Oussama, ces preuves devaient être remises à la Cour suprême afghane et qu'il fallait laisser les oulémas de trois pays islamiques ou de l'OCI (Organisation de la conférence islamique) observer ce processus judiciaire.» En attendant, les oulémas afghans sont toujours en conclave à Kaboul pour décider du sort de Ben Laden. A Washington, un défilé des chefs d'Etat, ou de chefs de la diplomatie n'a cessé, tout au long de la journée d'hier, lesquels en procession sont venus apporter aide et soutien au président Bush. Aussi, le président français Jacques Chirac, qui était hier dans la capitale américaine, a affirmé qu'une coopération française dans une intervention militaire des Etats-Unis contre le terrorisme était «concevable». «La coopération militaire naturellement peut se concevoir, mais dans la mesure où nous nous serions préalablement concertés sur les objectifs et les modalités d'une action.» Le président Chirac, en quelques mots, résume la crainte du monde entier quant à une intervention irréfléchie qui mettra en danger la paix mondiale. C'est ce qu'expriment aussi les chefs d'Etat arabes et musulmans qui recommandent la prudence affirmant que toute action internationale doit s'inscrire dans le cadre de la «légitimité» attachée aux Nations unies. C'est dans ce contexte que le président syrien Bachar Al Assad à fait une minitournée en Egypte et au Yémen ou il eut des entretiens avec ses homologues égyptien et yéménite ponctués par des communiqués dans lesquels l'accent a été mis sur la nécessité de coopérer avec la communauté internationale «pour lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes», indiquant que MM.Moubarak et Al Assad considèrent le terrorisme comme «un phénomène mondial» et «un crime organisé menaçant la stabilité internationale». Pour sa part, le président palestinien Yasser Arafat a déclaré dans la soirée de mardi: «J'ai informé les Etats-Unis que nous avons placé toutes nos capacités à leur disposition et que nous sommes prêts à prendre part à une alliance internationale afin de mettre un terme au terrorisme contre les civils innocents.»