Le ministre de l'Habitat a insisté sur le respect de l'aspect architectural des nouvelles constructions. Tous les experts s'accordent à dire que l'architecture de nos villes, quartiers et villages perd, petit à petit, de son âme. Le «tout-béton» a conduit à marginaliser les méthodes ancestrales. Actuellement, posséder une maison en béton est la tendance forte de tous ceux qui aspirent à se loger. Dans ce contexte, le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, Noureddine Moussa a insisté, dimanche dernier, à partir de Saïda, sur «la nécessité de tenir compte de la nature de chaque région du pays dans la réalisation de logements». Il a ainsi indiqué, dans une conférence de presse à l'issue de sa visite d'inspection dans la wilaya, que «les bureaux d'études algériens doivent élaborer des concepts qui conviennent à chaque région». «Le respect du cachet architectural des villes dans la réalisation de logements convenables à la famille algérienne», a été également fortement préconisé par le ministre, tout comme «la remise en cause de la construction de grands immeubles, notamment dans les zones rurales». «Elaborer à l'avenir des plans d'urbanisme appropriés et adaptés à chaque région», est un autre point sur lequel a insisté le même responsable. L'autre aspect évoqué par M.Moussa porte sur «la prise en considération du volet esthétique et le caractère rural prévalant dans chaque région». Il est clair que chaque maison ou bâtiment est un espace qui devrait être destiné à mettre en valeur les spécificités régionales. Nos villes et quartiers doivent arborer une architecture novatrice, reflétant la spécificité patrimoniale de la région. Pour retrouver l'esthétique d'antan, il est primordial, selon les spécialistes, de réactualiser ces modes de construction qui n'ont rien à envier aux méthodes dites modernes. Toutefois, force est de constater qu'on continue encore et encore à construire des cités-dortoirs, offrant la désolation visuelle de par leur forme unique et où il ne fait pas bon vivre. D'une part, la réhabilitation du patrimoine est promordiale, mais d'autre part, il est utile de rendre compatibles ces architectures anciennes avec la modernité. L'autre aspect défigurant nos villes et agglomérations sont, bien entendu, les bâtisses inachevées. L'Algérie compte 2,275 millions de bâtisses inachevées et/ou laissées en l'état, les travaux à peine commencés. Les experts mettent cet aspect des choses sur le compte du «non-respect de l'arsenal juridique en termes d'urbanisme et d'architecture». Par ailleurs, il faut relever qu'en un laps de temps minime, de petites banlieues se transforment en de gigantesques constructions anarchiques, perdant du coup leur charme et le cadre de vie adéquat. L'exode rural est passé par là, exacerbé par l'affluence vers la ville, de populations dont les hameaux et villages ont subi durement les affres du terrorisme durant la décennie 1990. Aujourd'hui encore, de nombreux sites de constructions illicites, s'érigent, au su et au vu de tout le monde. Les différents fléaux sociaux, à l'image du trafic de drogue, de la délinquance juvénile et de la prostitution se sont nourris de l'anarchie et de la qualité médiocre de la vie. Quand les normes de l'urbanisation ne sont pas maîtrisées, le pire est à craindre.