L'Agence nationale d'urbanisme verra le jour prochainement, selon le premier responsable de l'habitat. L'on apprend, dans la foulée, que tous « les quartiers qui ne répondent pas à la réglementation en la matière seront démolis (…) », selon toujours le chef du département qui insiste désormais sur le respect « des plans d'urbanisme, négligés par le passé » et les facilitations qui seront accordées avec des bonifications de taux d'intérêt aux particuliers oscillant entre 1 et 3%. Soit. Une affirmation dont le contenu sur le papier nous édifie que tout ne sera plus comme avant où n'importe qui fait n'importe quoi lorsqu'il s'agit de personnaliser sa construction. Bien que la hauteur des façades et des combles d'immeubles soit réglementée en fonction de la largeur de la rue et selon chaque zone, la laideur dans nombre de quartiers est criante. Un « petit bled » semble régir l'esprit que se fait chacun de sa demeure qu'il érige de plus en plus haut, en porte-à-faux des normes admises par le plan d'urbanisme et qui échappe, faut-il souligner, dans bien des cas à la Duc. Les clauses contenues dans les permis de construire sont outrepassées, voire violées par les constructeurs, aidés par des BET qui apposent frauduleusement leur sceau. A croire que les outils censés réglementer la construction font défaut. On fait l'impasse sur les quelque 70 000 habitats précaires à travers la wilaya d'Alger que notre politique peine à résorber. On fait l'économie de mots - de maux aussi - sur le cadastre des communes non réactualisé, comme on se tait sur la plaie récurrente que résument les favelas qui fourmillent dans les banlieues ou dans les abords du tissu urbain, que cela soit à Alger ou dans les autres wilayas du territoire. La réalité du terrain nous offre un autre décor. Elle nous renseigne sur ce mal qui amoche le cadre bâti et par extension, l'inesthétique urbanistique, devenue le propre de notre « génie » architectural. L'essentiel est de faire mieux que son voisin en termes de superficie habitable, sans consacrer le moindre empan ni pour le côté cour ni pour le côté jardin. La grisaille du béton se veut dominante autour de la ménagère qui n'a pas l'heur de se ressourcer dans un petit espace vert, car le maître d'ouvrage, qui n'est autre que ce « beggar » des bas fonds, nanti du sachet noir empli de thune, n'a pas jugé utile d'en réaliser. Celui-là même qui préfère se murer dans un bunker plutôt que de humer quelque fragrance de rosiers ou de jasmin dans une construction maussade, incolore et inodore, qu'il dénomme impertinemment et avec cette dissonance « villa ».