M.Toubon a insisté sur le rôle que peuvent jouer les chefs d'entreprise binationaux dans les relations entre les deux pays. «Il y a aujourd'hui, de la part des autorités algériennes et françaises, une volonté partagée de travailler sur le développement économique et l'investissement», des propos tenus par le président de la Cité nationale (française) de l'histoire de l'immigration, M.Jacques Toubon en visite à Alger. Hier, il a été reçu par le ministre des Affaires étrangères, M.Mourad Medelci, qui n'a pas hésité à qualifier Toubon ainsi: «Un ami de l'Algérie» Dans une déclaration à la presse à l'issue de l'audience, M.Toubon a largement évoqué l'aspect économique en insistant sur le rôle «important» que peuvent jouer les chefs d'entreprise algériens binationaux établis en France dans le développement des relations économiques entre les deux pays. «Dans notre pays, il existe une classe moyenne de la communauté algérienne, en particulier des chefs d'entreprise capables de créer un véritable réseau et c'est quelque chose que nous devons faire», a-t-il noté. M.Toubon a relevé, par ailleurs, l'importance de l'immigration algérienne en France qui constitue, a-t-il dit, «une sorte d'héritage, un capital que nous devons investir dans l'avenir». Les entretiens entre les deux hommes ont porté également sur la récente visite en Algérie de M.Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée, et de M.Jean-David Levitte, conseiller diplomatique du président français, M.Nicolas Sarkozy. «Nous avons fait le point sur cette visite et constaté combien elle avait été positive», a-t-il affirmé. De son côté, M.Medelci a indiqué que les entretiens avec M.Toubon, ont porté sur la communauté algérienne en France et le rôle qu'elle peut jouer de façon «plus large» dans le développement des relations entre les deux pays. «C'est le début d'un nouveau processus», a-t-il souligné, exprimant son souhait que ce processus permette de «nous rapprocher de notre communauté et lui permette de jouer un rôle plus important chez nous». M.Medelci a ajouté que sa rencontre avec M.Toubon a porté aussi sur les relations bilatérales dans les domaines politique, économique et social. On en saura rien sur les discussions politiques et sur les sujets qui fâchent. M.Xavier Driencourt, ambassadeur de France à Alger, est revenu sur ces questions dans un entretien accordé hier à notre confrère le Jeune indépendant? Evoquant les pourparlers engagés par les deux pays autour de l'Accord de 1968, l'ambassadeur a nié toute volonté de la part de son pays de renoncer aux quelques spécificités qui caractérisent le statut de l'immigré algérien. «Je ne le pense pas. Il n'y a pas d'âpres discussions. Rap-pelons d'abord, que l'accord de 1968 a été révisé, toiletté ou mis à jour à quatre reprises depuis sa première rédaction.» Xavier Driencourt reconnaît que cette fois, les discussions se sont enlisées en raison du contexte. «Un climat pas très favorable. Je confirme que l'Algérie tient à conserver un statut particulier au regard de nos liens particuliers. Elle le souhaite et le revendique, et la France en est consciente.» Conséquence de ces relations tumultueuses, l'ambassadeur annonce l'enterrement du traité d'amitié, citant comme cause la loi du 23 février 2005. La France de Sarkozy lance les jalons d'une relation plus «pragmatique» avec l'Algérie. «Aujourd'hui, nous ne sommes plus dans ce schéma d'amitié. Comme l'a déclaré le président Nicolas Sarkozy, l'amitié ne se décrète pas mais se construit.» Le diplomate ajoutera: «A présent, nous nous efforçons de travailler à un partenariat exceptionnel et multiforme qui se penchera, à défaut d'un traité d'amitié, sur les questions économiques, culturelles..., mais aussi sur la mémoire pour une relation dense et équilibrée», soulignant que les responsables français, à commencer par le président Sarkozy, ont fait un pas de géant dans la reconnaissance des faits de l'Histoire.