«L'équipe nationale (de France) a implosé et l'un des facteurs d'implosion sont les rivalités de caractère ethnique qui viennent de l'origine», dira Jacques Toubon au cours de son intervention. Reportée à plusieurs reprises, la séance de travail pour la révision de l'accord franco-algérien de 1968 aura lieu en automne prochain. C'est ce qu'a déclaré l'ex-ministre français de la Culture et le président de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration, Jacques Toubon, lors d'une rencontre-débat organisée, avant-hier, par l'ambassade de France en Algérie, portant sur la question de l'immigration et de l'intégration en France. «A la suite de la visite qui a eu lieu dimanche dernier du secrétaire général de l'Elysée et du conseiller diplomatique du président de la République en Algérie, il a été décidé de reprendre vraisemblablement, à l'automne, une nouvelle phase des négociations du 4e avenant (de l'accord signé entre l'Algérie et la France le 27 décembre 1968)...», a-t-il fait savoir, lors de son intervention. Jacques Toubon a signalé, toutefois, qu'il ne s'agit pas de supprimer cet accord bilatéral qui définit les conditions d'emploi, de séjour et de circulation des ressortissants algériens leur accordant un régime dérogatoire avantageux comparé aux autres étrangers. «Il ne s'agit pas du tout de supprimer l'accord!», a-t-il tenu à préciser. Selon l'ex-ministre français, il s'agit seulement de revoir certains articles de la convention. «Ces négociations ont été entamées depuis plusieurs années. C'est lors de la visite en 2003, de Jacques Chirac en Algérie, qu'il a été question de renégocier l'accord de 1968. Celui-ci a, d'ailleurs, été modifié trois fois...», a-t-il précisé. Et d'expliquer: «Il a fait l'objet de ce qu'on appelle trois avenants.» L'intervenant insistera, également, sur le principe de réciprocité concernant l'accord de 1968. Cette question fera d'ailleurs l'objet des négociations autour du 4e avenant. «Les Algériens sont les seuls à bénéficier de cette disposition en France», lança-t-il. Et d'ajouter: «Pour ce qui est du 4e avenant, il y a cette question de savoir, éventuellement, si on pourrait, dans certaines conditions, avoir sur le sol algérien pour les Français, une situation comparable à celle qu'ont les Algériens sur le sol français, la négociation a déjà fait l'objet de trois rencontres...de demander si les Français pourront bénéficier en quelque sorte, en Algérie, de la même facilité dont les Algériens bénéficient en France.» Le conférencier indiquera qu'une normalisation des relations franco-algériennes est nécessaire. «On a tendance à considérer que les problèmes du monde entier se résument à ce que l'autre pense de nous, et nous ce que nous pensons de l'autre...», notera-t-il. Fort de son expérience au sein de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration, Jacques Toubon a affirmé que «l'immigration, et contrairement aux idées qu'ont malheureusement certains politiques, n'est pas un problème... celle-ci est constitutive de nos sociétés et de nos nations, pas seulement contemporaines ou occidentales et ce, avec ses aspects positifs et négatifs...». Et de préciser: «Je vais vous donner un exemple brutal, cruel et actuel. Il y a 12 ans, la France était à l'image de son équipe nationale qui venait de triompher à la Coupe du Monde de football de 1998. L'équipe a implosé, et l'un des facteurs d'implosion, les rivalités de caractère ethnique qui viennent de l'origine.»