L'ex-entraîneur de l'Equipe nationale, Abderrahmane Mehdaoui, revient sur les premiers matchs des équipes africaines et aussi sur le récent naufrage de l'equipe de France face au Mexique. L'Expression: Quelles sont vos impressions sur la défaite des Français face aux Mexicains? Abderrahmane Mehdaoui: Les Français sont passés complètement à côté de leur match. Un dicton français dit que «pour connaître les gens, il faut les connaître sur le terrain». Et sur le terrain, on a senti que l'équipe française vit avec ses problèmes. On sentait bien ce malaise au sein de l'équipe. Il y avait un manque flagrant d'inspiration et de solidarité. L'indifférence a été constatée sur le plan tactique devant cette équipe mexicaine très ambitieuse avec ces joueurs talentueux qui ont bien fait la différence sur le terrain et ce, à tout point de vue. Selon vous, quelle est la principale cause de cette défaite des Français? Je crois que pour bien résumer la situation de l'équipe française, je dirais qu'il y a déficience sur le plan mental. Et c'est ce qui a fait cette grosse différence avec des Mexicains plus concentrés et très impliqué dans le match, aussi bien sur le plan collectif que sur le plan individuel. Et en dehors de ce cas mental, quelles sont les autres causes de cette défaite des Bleus face aux incisifs mexicains? Tactiquement et sur le plan défensif, les joueurs français ont cédé beaucoup d'espace aux joueurs mexicains qui ont bien su les exploiter. On sentait une grosse gêne sur le plan collectif des Français en matière défensive. Les défenseurs français ont été trop bousculés par l'agressivité des joueurs mexicains et surtout leur vivacité dans la construction de leurs attaques. De plus, et contrairement aux Mexicains qui ont bien maîtrisé le jeu, les Français ont été très mauvais dans la conservation du ballon. De plus, on sent bien l'absence d'un véritable meneur de jeu. Et là, ça nous rappelle bien Zidane. Il manque donc un «Zidane» au milieu français. En attaque et malgré la qualité technique des joueurs français, ils étaient éprouvés en manquant d'éclat, censé caractériser un attaquant. Ce qui a freiné l'équipe française dans ses objectifs offensifs. Ce qui explique bien ce manque de réalisme des Français à l'approche des buts mexicains. Et qu'avez-vous à dire sur cette équipe mexicaine justement? On a remarqué une petite révolution dans le style de jeu des Mexicains. Ils ont, certes, bien joué leur jeu basé sur les passes courtes, le jeu vif et direct. Ils ont donc séduit par la création d'un surnombre de qualité. Ce qui constitue une petite révolution dans le jeu et la tactique du Mexique. De plus, je noterais également ce bon côté physique de l'équipe d'Aguiru qui prouve qu'ils se sont bien préparés sur ce plan-là. Ils ont gagné tous leurs duels en ayant très bien su allier la notion de conservation de balles et de construction d'attaques. Ce qui est une nouveauté, aussi chez ces Mexicains. Ils ont bel et bien étouffé les Français dans le jeu et c'est donc une victoire bien méritée des Mexicains qui affichent une grande détermination dans ce Mondial. Du côté des Français, on espère que lors du dernier match du groupe, le Mexique et l'Uruguay ne s'arrangeront pas pour un match nul qui les qualifiera tous les deux, qu'en dites-vous? Je ne pense pas que ce soit un arrangement et ça ne serait point une question d'entente entre les deux équipes. Mais, il faut reconnaître aussi que l'on ne va pas s'amuser à risquer la qualification alors qu'un nul suffirait. Je crois plutôt à une «entente sportive». Car, on se demande bien pourquoi se créer un problème alors qu'il suffit de jouer le nul. Mais on évoque aussi la crainte de l'une ou l'autre équipe de rencontrer l'Argentine au prochain tour en cas de nul. Si tel serait le cas, c'est donc au Mexique de réagir. Car, l'Uruguay est premier du groupe et ne calculerait donc pas. D'autant que l'Uruguay ne donne pas d'importance à cette histoire de rencontrer l'Argentine aux 8es de finale. Je dirais plutôt que ça les arrangerait bien. En tout cas, une chose est sûre, nous allons assister à un très grand derby entre Sud-Américains en 8es de finale et ce, quel que soit le résultat de ce match Mexique-Uruguay et c'est le plus important. Quelles appréciations faites-vous de l'évolution des équipes africaines, jusque-là? Avec la déception du Nigeria face à la Grèce, c'est une autre déception qu'enregistre l'Afrique. Au final, en dehors du Ghana et de la Côte d'Ivoire qui ont montré quelques bonnes dispositions, c'est la déception totale chez les autres formations africaines. Je suis déçu par les Algériens et les Camerounais alors que pour les Sud-Africains, concéder trois buts est considéré, à mon avis, comme une catastrophe pour un pays organisateur. Je remarque d'une manière générale que chez les Africains, il y a bien de la qualité et du talent, mais il y a mauvaise gestion... Après les premiers matchs du premier tour, quel bilan général dressez-vous de ce Mondial? Toutes les équipes ont eu des difficultés dans ce premier match. Et c'est à se demander, si jouer en altitude est vraiment un problème. On n'a pas assisté à de grandes rencontres alors que la prudence a été de mise dans tous les matchs à l'exception de celui de l'Allemagne contre l'Australie. La crainte de la défaite a été pour beaucoup dans cette méfiance et ce jeu de prudence et certaines équipes ont d'ailleurs payé cash avec cette manière de jouer et le cas le plus illustratif est celui de l'Espagne contre la Suisse. C'est d'ailleurs ce qui explique le manque d'efficacité offensive. J'ai été surpris comme tout le monde par cette victoire des Suisses sur les Espagnols et surtout par le jeu de la Nouvelle-Zélande. Quelles sont les équipes qui vous ont le plus déçu après ces premiers matchs du mondial? L'Algérie m'a vraiment déçu. J'attendais à mieux de la part des Verts. J'ai été également déçu par la mauvaise qualité du jeu des Français. A la lumière des ces premières rencontres de ce Mondial sud-africain, qui voyez-vous dans le carré final? Il n'y a point de changement à mes pronostics avant le Mondial et je vois bien L'Argentine, le Brésil, l'Espagne et l'Allemagne en demi-finale.