C'est l'hallali médiatique con-tre le terrorisme. La planète entière est encore tétanisée par le «coup du millénaire»: l'attaque contre les Etats-Unis. Depuis mardi, tous les networks du monde informent, dissèquent, analysent les causes de l'événement et rivalisent sur les prévisions qui suivront la riposte américaine. Chaque chaîne de télé va séduire, alors, les adeptes du tube cathodique. Les gourous de la communication sont venus en renfort sur les plateaux des TV pour expliquer le phénomène du terrorisme et le décortiquer dans ses retombées et ses accointances. C'est dans cette atmosphère de messe cathodique que les Algériens ont zappé plus que d'habitude dans l'espoir certain de relever, dans ces débats télévisés, les commentaires sur la résistance qu'ils opposent, depuis dix ans, à l'hydre intégriste. Le Martyr algérien, qui a sauvé les pays arabes de la contagion islamiste, se traduit aujourd'hui par 200.000 morts, plus d'un million de victimes du terrorisme et pas moins de 6 milliards de dollars de dégâts! Quel est donc le pays dans le monde qui a payé, en dix ans, un tel tribut, pour combattre le terrorisme islamiste? Ni l'Egypte, ni la Tunisie, ni le Yémen, ni le Liban, ni aucun autre pays arabo-islamique n'ont vécu une telle descente aux enfers. Comment expliquer que le martyre de 30 millions d'Algériens soit passé sous silence par les médias et les gouvernements occidentaux au moment où l'on parle le plus de déclarer une guerre sans répit au terrorisme islamiste? Faut-il croire que le monde est frappé à ce point d'amnésie subite? Jamais une nation n'a été aussi violemment agressée par l'Internationale islamiste que le fut l'Algérie au cours de ces dix dernières années. Notre pays est devenu, par la faute des intégristes de Ben Laden, le plus grand mouroir du monde où femmes, enfants et vieillards sont régulièrement massacrés dans l'indifférence de la conscience occidentale. Qu'a-t-on donc fait pour aider l'Algérie à éradiquer le mal intégriste? Nous n'oublierons pas que Ben Laden reste d'abord la créature satanique des Etats-Unis. Et nous n'oublierons pas aussi que ce sont les Etats-Unis qui ont accueilli sur leur sol Anouar Haddam et d'autres responsables du GIA. Et ce sont également les Etats-Unis qui ont opposé une fin de non-recevoir aux demandes pressantes de l'Algérie de lui accorder un soutien en équipement technologique pour détruire les bases de repli du GIA. Ce qui arrive aujourd'hui aux USA est l'histoire de l'arroseur arrosé. Idem pour la Grande-Bretagne qui a fait de Londres une véritable plaque tournante de toutes les organisations terroristes islamistes. Mais la palme d'or de la duplicité et de la culpabilité revient sans conteste aux Français dont les médias étaient si prompts, durant dix ans, à jeter de l'huile sur le feu et à faire périodiquement du drame algérien un prétexte idéal pour déstabiliser l'Etat algérien et vouer ses dirigeants aux gémonies publiques. Quelle honte pour la France! Sinon comment expliquer que l'Algérie soit la grande oubliée dans les débats publics de la presse et des institutions françaises? Le traitement par les chaînes françaises des attentats terroristes à New York et à Washington confirme, si besoin est, une certaine frilosité des médias de l'Hexagone devant le drame que vit le peuple algérien. Les commentaires des journalistes pèchent par une partialité criarde. Le black-out total est fait sur les nombreux massacres que les hordes terroristes ont commis en Algérie. Pourtant, au moment où tous les téléspectateurs français sont scotchés à leurs écrans de télé, il aurait été plus juste de leur dire toute la vérité : que le GIA n'est pas né du néant, que la force de frappe qu'il a acquise est le résultat d'un soutien discret des services secrets français, que François Mitterrand a offert le gîte et le couvert à des terroristes qui ont commis des attentats plus sanglants que ceux perpétrés en France en 1995, que l'essentiel du soutien logistique aux égorgeurs d'enfants est venu d'abord de l'Hexagone. Aujourd'hui que le gendarme du monde est touché dans sa dignité, la France, à travers ses médias, veut faire croire à son opinion publique qu'elle a découvert le terrorisme avec la vague d'attentats dont elle a été la cible. Cela explique le silence fait autour des souffrances de tout un peuple qui a héroïquement résisté à la plus barbare des organisations terroristes de l'Histoire de l'humanité. Nous refusons d'être les oubliés de la guerre contre l'intégrisme.