Même s'il est peu probable que l'Algérie accepte cette offre, une telle proposition témoigne de la volonté des Etats du Sahel à coopérer dans la lutte antiterroriste. Le Mali a offert aux forces de sécurité algériennes de pénétrer sur son territoire pour traquer les insurgés d'Al Qaîda recherchés pour l'assassinat de onze gendarmes gardes-frontières, tués mercredi à Tinzaouatine, à l'extrême sud de la wilaya d'Adrar et à une quarantaine de km au nord de la frontière malienne. «L'Armée algérienne peut franchir la frontière et poursuivre tout assaillant où qu'il soit sur le territoire malien», ont indiqué jeudi des sources militaires à Bamako, citées par l'agence Reuters. Même s'il n'est pas sûr qu'Alger l'accepte, du fait que l'Algérie ne veut pas rompre avec le principe de politique étrangère de ne pas entreprendre une action militaire en dehors de ses frontières, cette proposition semble témoigner d'une volonté accrue des pays du pourtour du Sahel de coopérer dans la lutte contre Al Qaîda, qui a fait de ces immensités désertiques l'un de ses repaires et nouveau champ de bataille. «L'Algérie et le Mali ont entrepris des mesures communes pour traquer les terroristes», a ajouté la même source. L'attentat, comme il fallait s'y attendre, a été revendiqué par l'organisation terroriste transnationale appelée Al Qaîda au Maghreb islamique. Les victimes sont tombées dans une lâche embuscade, qui selon les premiers indices, semble avoir été minutieusement préparée, avec la complicité des contrebandiers impliqués dans tout genre de trafic. En effet, de tout temps, cette zone a constitué un terrain très fertile pour les narcotrafiquants et les contrebandiers, les réseaux impliqués dans le trafic de véhicules, armes et munitions, cigarettes, immigration clandestine et les intégristes, ayant réussi à tisser des liens avec certaines tribus. L'expansion du trafic dans une région dont le contrôle aussi bien pour les Algériens que pour les Maliens surtout, exige d'énormes moyens et l'importance des gains ont contribué grandement dans la consolidation des relations entre toutes les tribus concernées. Les forces de sécurité dépêchées en renfort dans la zone de l'attentat n'ont pas tardé à se redéployer en mobilisant sur le champ des unités spéciales et les forces héliportées qui ont, au courant de ces dernières 48 heures, usé de leurs compétences pour sillonner toute la région, allant jusqu'au niveau de la bande frontalière algéro-malienne. Selon des sources très au fait du contexte sécuritaire, la trace des criminels activant sous la coupe du tristement célèbre Abou Zeid a été localisée et le dispositif mis en place à la suite de ce carnage s'impose stratégique avec un bouclage hermétique. Les mêmes sources ne manqueront pas de préciser que la bande de criminels était en grand nombre ce qui explique le nombre élevé de victimes. Connaissant parfaitement la stratégie des terroristes, les services de sécurité n'écartent pas l'hypothèse d'une diversion dont le but serait de créer une fixation sur un point précis des frontières afin d'assurer la concrétisation d'une importante opération située à des centaines de kilomètres du lieu de carnage. Al Qaîda serait sur le point de s'implanter solidement dans la région nord du Mali en exploitant les différends existant entre le pouvoir central et les tribus touaregues. Celles-ci reprochent, notamment à leur gouvernement de retarder l'application des recommandations contenues dans les Accords d'Alger historiques. D'ailleurs, le pouvoir central malien aurait été invité à étudier sérieusement l'éventualité d'incorporer des éléments touareg dans les rangs de l'armée régulière. Pour les spécialistes, cela pourrait aider à sécuriser la région. Qu'est-ce qui fait que cette option soit encore mise sous la manche? Il s'agit apparemment, d'un problème de confiance entre le pouvoir malien et les Touareg qu'Al Qaîda est en train d'utiliser pour mieux asseoir ses bases au niveau d'une région stratégique aux yeux des Américains particulièrement. Reconduits par la majorité des pays de la région qui ont refusé catégoriquement l'installation de l'Africom, les responsables US vont certainement tirer de cet attentat des argumets afin de remettre à jour une nouvelle version revue et corrigée d'une présence militaire américaine au Sahel.