Contrairement à ce que l'on pense, des groupes affiliés au GIA existent toujours à l'est du pays. Deux dangereux terroristes, des chefs locaux du GIA, ont été abattus, hier, aux environs de la ville de Hamma Bouziane, à quinze kilomètres de Constantine, dans une opération de police spectaculaire. Il s'agit de Moussa Sellimi, 33 ans, originaire de Grarem, chef local du GIA, et recherché depuis plusieurs années, et Mohamed Boudraâ, 56 ans, lui aussi chef du GIA, et plus connu sous le nom de guerre de «Ali el-khiat» (le tailleur). Les deux chefs des groupes armés locaux étaient des vétérans de la guerre d'Afghanistan, et s'étaient enrolés sous la bannière du GIA dès les premières heures. La police judiciaire de la sûreté de wilaya de Constantine, agissant sur des informations fournies par un citoyen, avait, dès samedi, localisé le refuge des deux comparses, une maison appartenant à la famille de Sellimi. A 20h, le dispositif a été mis en place et le périmètre de sécurité bouclé. Les abords de ce périmètre avaient été évacués, afin de ne pas faire de victime, parmi les citoyens et les propres familles des terroristes. Après de longues tractations, Sellimi laissera sortir son épouse, ses enfants et deux grands-parents, mais refusera de se rendre. L'assaut a été donné hier à l'aube, et aura duré deux heures et demie. Les deux terroristes ont été éliminés et deux armes: un fusil de chasse et une arme semi-automatique ont été récupérées. Ce nouveau succès des services de sécurité intervenant après ceux déjà réalisés à Alger (trois terroristes du Gspc abattus), Relizane (13) et Tizi Ouzou (15), est bon pour le moral des troupes et encourage les groupes d'élite engagées dans la lutte contre le terrorisme à continuer à travailler en position favorable. L'élimination des deux terroristes intervient aussi quelques mois après celle de Talhi, autre émir du GIA local, abattu à Khroub. Ce qui revient à dire que la répartition des groupes islamistes armés par zones géographiques reste à redéfinir. Le Constantinois, donné largement acquis au Gspc, demeure une zone où les GIA locaux ont encore la peau dure, et la mort, en peu de temps, de trois émirs locaux du GIA dans des zones d'habitation permet aussi d'affirmer que leurs troupes observent des hibernations, des «trêves non écrites», en attendant que le contexte soit favorable à leur réactivation. Depuis le début de l'été, les opérations antiterroristes ont permis de réduire la marge de manoeuvre des groupes armés, que ce soit à l'Est, à l'Ouest, ou dans la capitale, où un quadrillage la rend hermétique à toute incursion importante. Les réseaux de soutien démantelés à Tizi Ouzou, Boumerdès, Alger, Blida, Relizane, Saïda et, Tébessa, ont coupé les ponts entre les groupes actifs et les groupes d'aide, et de fait, ont précipité la désagrégation de l'activité armée. Cependant, il faut se convaincre que le terrorisme en Algérie est inscrit dans le temps. Avec une capacité de nuisance, certes, très réduite, mais destructrice quand même. L'argent amassé et caché dans les maquis (des centaines de milliards) permet encore de recruter, de former et de formater des petits groupes opérationnels, et la «fin des émirs» donne leur chance aux nouveaux desperados des zones urbaines et néourbaines pauvres de s'adonner à toutes sortes d'actions mafieuses et terroristes.