Certains parents d'élèves ont été contraints de photocopier des livres entiers. Entrée de force dans les moeurs relatives à toute rentrée scolaire, cette pratique est devenue la hantise des parents d'élèves, et la manne pour des spéculateurs véreux qui, chaque année, s'enrichissent sur le dos des citoyens déjà durement affectés par le chômage, la cherté de la vie et les dépenses consenties, pour garantir l'instruction à leurs enfants. Cette année encore, l'indisponibilité de tel ou tel livre, concernant telle ou telle matière, n'a été signalée aux parents qu'après la reprise des cours. Et comme l'année passée, ces mêmes livres tant recherchés sont disponibles sur le marché noir à des prix astronomiques. La pénurie de cette année serait-elle due aux mêmes causes que celles de l'année passée. Questionné à ce sujet, un libraire, dira «il ne faut pas dramatiser la situation, on a déjà reçu une petite livraison et on attend une seconde». Et il ne cache pas qu'en matière de géographie, français, sciences, instruction civique et physique pour les 7e et les 8e années du fondamental, les élèves ne disposent d'aucun livre! Certains parents qui ne veulent pas tomber dans le même piège de la pénurie de l'année dernière ont été contraints de photocopier des livres entiers, à raison de 3 DA la page! Alors que, selon le directeur de l'école fondamentale Mebarek El-Annabi, M.Nasri Mohamed, dans les deux paliers fondamentaux «on note une nette amélioration cette année par rapport à l'année dernière». Néanmoins, il arrive que quelquefois des titres manquent mais il a foi en l'administration qui, selon lui, ne tardera pas à les approvisionner. Et dans tous les collèges visités, des dizaines de matières n'ont pas de livres, à l'exemple du CEM Khamla Brahim où des milliers d'élèves sont obligés de suivre la lecture ou l'exercice au tableau. En somme, l'école de Pavlov, à Biskra, est retournée à l'ère coranique, où le maître n'a qu'un bâton de craie, un autre en bois et le timbre de sa voix pour instruire et éduquer les futures générations de l'Algérie. L'indigence des élèves est un autre signe révélateur de ce retour vers «l'école indigène». Selon des enseignants, leurs élèves n'en sont pas moins plus pauvres qu'ils ne le paraissent. Et à propos de l'aide dans le cadre du soutien et de la solidarité aux élèves nécessiteux, apportée par l'APC de Biskra, tous sans exception, diront qu'elle est insignifiante. Pour l'exemple, la commune de Biskra compte à elle seule plus de 10.000 élèves nécessiteux mais n'a reçu que 1800 trousseaux contenant des fournitures scolaires, à distribuer à travers les écoles de la commune de Biskra. Quant à la nature des livres, elle-même, c'est un autre problème. Ce père d'un petit garçon inscrit cette année en première année, considère qu'en plus d'être abrutissants, mal collés et mal imprimés, ces livres ne comportent pas les couleurs tendres et gaies de l'enfance, leurs caractères sont gras, leurs couleurs sont primaires et violentes et ils ressemblent beaucoup plus à des documents administratifs qu'à des livres scolaires attrayants pour des enfants.