De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar La rentrée scolaire n'a pas manqué de créer de vives tensions au sein des parents d'élèves déjà soumis au stress traditionnel des dépenses successives et chaque année davantage onéreuses. Sans compter la cacophonie d'une partie des livres scolaires, la fluctuation de leurs prix et leur indisponibilité dans les établissements scolaires, les parents d'élèves doivent également composer avec cette nouvelle exigence qu'est la couleur des tabliers, bleus pour les garçons et roses pour les filles. Une exigence que les parents d'élèves voient comme une punition ou encore comme futilité que le ministre pouvait leur épargner. «On croyait que le ministre avait pris ses dispositions pour ce faire. Tout le monde a cru que c'était à la charge de la tutelle ministérielle. Mais il n'en est rien. Quand on prend des décisions pareilles, il faut étudier le pour et le contre. C'est à se demander si le ministre dispose de conseillers et d'experts en la matière. Maintenant, on se retrouve avec une situation assez embarrassante pour nous autres parents d'élèves. Il n'y a plus de tabliers sur le marché et nous avons de l'autre côté des directeurs et chefs d'établissements qui ne veulent rien entendre. Que faire ? », s'insurge un membre de la Fédération nationale des parents d'élèves. «Je suis membre de la FNPE, mais nous n'attendons plus rien. Il y a bien longtemps que les ponts sont rompus entre cette fédération et les parents d'élèves». Des propos qui illustrent, en fait, un marasme ambiant au sein de la grande famille des parents d'élèves, d'abord face aux changements et les réaménagements devenus récurrents et surtout onéreux, ensuite par le climat délétère qui prévaut au sein de la corporation des enseignants qu'on a tendance à oublier et qui sont censés piloter toute sortes de réformes. Sur un autre registre, la blouse est devenue une problématique majeure à Oran. Sur le marché, tous les anciens stocks qui dataient de plusieurs années ont été épuisés. Il n'en reste pas une à Oran. Il faut dire que ces dernières années, les parents d'élèves ont été séduits par les blouses made in Turquie, Syrie et autres modèles chinois très beaux par leurs designs et leur qualité. Certains commerçants, par excès de prévoyance, se sont approvisionnés à l'avance, mais pas dans le bleu et le rose couleurs. C'était un peu trop pour certains commerçants. «En fait, il n'existe pas de véritables problèmes dans ce sens. C'est que tout le monde a été pris de court par la nouvelle décision. Du coup, certains croyaient que c'était l'école qui allait s'en charger comme cela se fait ailleurs et c'est ce qu'aurait dû faire le ministre. D'autres n'ont pas saisi très bien les couleurs annoncées. Autrement, cela aurait été possible parce que cela n'est pas sorcier. Au lieu de ramener des tabliers gris, noirs, rouges ou blancs, on aurait opté pour les couleurs dont il est question. C'est un défaut de communication, comme il n'y en a jamais eu chez nous. C'est un cas d'école», nous confie un transitaire rompu dans l'importation de fournitures scolaires. Profitant de cette aubaine inespérée, des apprentis tailleurs ont inondé le marché de tabliers d'une qualité, pour le moins, douteuse, particulièrement le tissu et le design qui laissent à désirer. Cela sans compter que les pièces présentées ont été totalement arrachées à des prix qui défient le bon sens : 650 DA pour les écoliers et plus de 900 DA pour les collégiens et lycéens. C'est une situation totalement infernale. Certains commerçants ont même établi des commandes périodiques auprès d'ateliers clandestins de confection. Ces derniers ont travaillé à un rythme soutenu et régulier. Dans cette situation, ce sont les parents d'élèves qui sont les plus grands perdants. Car, il y a une année le meilleur des tabliers ne dépassait pas les 600 DA et pouvait subsister jusqu'à trois rentrées scolaires. Avec la qualité de ces nouveaux tabliers, on peut dire qu'il en faudra jusqu'à trois pour ne seule année scolaire. Autant dire que la décision du ministre a surtout profité à la spéculation et à l'anarchie dans le secteur.