Il aura fallu l'intervention du service d'ordre de ce parti pour que les choses reprennent leur cours normal. Le Front des forces socialistes a réussi le pari de tenir sa première grande sortie publique à Akbou, plus importante ville de la vallée de la Soummam où le mouvement citoyen puise l'essentiel de sa force. Cette sortie, qui se veut un moyen de «casser le mur de la peur et de rendre espoir aussi bien à ses candidats qu'à la population», a été une réussite, mais n'a pas échappé aux tentatives de perturbation. Un groupe de jeunes acquis aux thèses des ârchs et visiblement déterminé, a tenté vainement de perturber les animateurs pendant plusieurs minutes. Il aura fallu l'intervention du service d'ordre du FFS pour que les choses reprennent leur cours normal. La peur d'éventuels affrontements entre citoyens a plané tout au long du meeting. Arrivé vers 11h à la place colonel Amirouche, M.Djeddaï, accompagné d'une importante délégation, a été accueilli par des applaudissements nourris d'une assistance nombreuse à laquelle s'est mêlée une trentaine d'individus qui scandaient: «Ulac l'vote, ulach smah.» Dans sa courte intervention, le secrétaire national à la jeunesse, Khaled Tazaghart, dira d'emblée: «Les ennemis d'hier sont ceux d'aujourd'hui et nous leur ferons face!», avant d'enchaîner: «Le pouvoir qui n'a pas réussi à casser la Kabylie, veut le faire aujourd'hui», allusion sans doute aux menaces et autres intimidations du moment. L'orateur insistera longuement sur la nécessité de «ne pas répondre aux provocations», avant de rassurer: «N'ayez pas peur, nous sommes là.» Lui succédant, M.Ahmed Djeddaï dira au groupe de jeunes qui scandait des slogans hostiles aux élections: «Venez pour un débat politique ce n'est pas à coups de pierre qu'on changera quoi que ce soit», avant de poursuivre: «Notre arme c'est notre intelligence!» L'orateur s'étalera longuement sur les raisons de la participation de son parti au prochain scrutin, il précisera dans ce sens: «Nous voulons éviter le pire à la région que le pouvoir et ses alliés poussent dans l'impasse, le pourrissement et l'enlisement pour avoir un prétexte de réprimer.» Il promettra, par ailleurs, de faire barrage «à la tchétchénisation de la Kabylie». Il accusera sans le citer, un parti rival dans la région d'être derrière la violence.«Le FFS est une école politique, mais il y a des élèves qui ont mal appris la leçon», ironise-t-il. «Qui a dit: votez pour la concorde? Qui est entré au gouvernement?», s'est-il interrogé avant de rassurer l'assistance quant aux risques d'affrontements. «Nous donnerons une leçon de maturité», dit-il sur un ton marqué de détermination. «Nous ne changerons pas notre vision et nous ne répondrons pas à la provocation», lance-t-il. Répliquant à l'accusation de trahison «nous avons eu aussi des martyrs en 1963!». L'orateur, toujours imperturbable, répondra aux «perturbateurs». «En tant que démocrates, nous dénonçons l'interdiction des meetings antivote», «Laissez le débat se faire», lance-t-il avant de défier: «Si vous avez des arguments politiques venez les présenter! Nous nous retirerons si vous arrivez à nous convaincre!», répétera-t-il à plusieurs reprises, devant une foule qui scandait «Assa azeka le FFS yella yella», «Yella l'vote yella». Abordant le mouvement citoyen, le premier secrétaire du FFS dira qu'«il est dans l'impasse». Une impasse née, selon le responsable du FFS, des manipulations du pouvoir et de certains délégués. «Il faut l'élargir au niveau national», clamera-t-il en expliquant que la participation aux élections est un moyen pour y parvenir. «La mission de nos élus est de renforcer le mouvement et de l'élargir», enchaîne-t-il en précisant: «Notre seul adversaire est le pouvoir militaire». Se voulant la force politique dominante au centre, le premier secrétaire du parti d'Aït Ahmed invitera les citoyens «à éviter le piège tendu par le pouvoir et ses relais». Au cours du point de presse tenu à l'issue du meeting, le responsable du FFS a dégagé toute responsabilité de la situation en Kabylie. Parlant de la campagne, le conférencier avoue qu'«elle est difficile, mais pas impossible». L'engagement de la population est ainsi souhaité pour la réussite du scrutin des locales. Il reviendra aussi sur les conditions posées pour la participation, lesquelles conditions «sont satisfaites». Notons qu'à l'heure où nous mettons sous presse, deux autres conférences du FFS se tenaient à Béjaïa. Pendant que Rachid Chabati présentait son bilan au TR Béjaïa, Khaled Tazaghart tentait de rallier à la cause de son parti les citoyens de la commune de Tifra en compagnie du maire sortant et candidat, Ghout Mohamed Arezki. Nous y reviendrons.