A la veille du scrutin, le front antivote attise la tension. Deux jours avant les législatives, le thermomètre est monté dans différentes localités de la wilaya de Béjaïa. Les premiers incidents ont eu lieu dans la ville de Sidi Aïch et El-Kseur où la tension était particulièrement extrême. A Sidi Aïch, les émeutes ont éclaté à l'issue du vote des corps constitués lorsqu'un groupe de jeunes s'en est pris aux urnes qu'il a brûlées avant que les services de sécurité n'interviennent. Le face-à-face s'est poursuivi tard dans la nuit. Un citoyen de passage fera les frais de cette échauffourée. Blessé, il a été évacué à l'hôpital de Sidi Aïch. A El-Kseur, le meeting que devait organiser le comité local a vite tourné au vinaigre. Des sources d'informations concordantes font état d'affrontements très violents. Les émeutiers, très nombreux, ont même réussi à renverser un fourgon cellulaire dont les éléments ont été blessés. Ils n'ont dû leur salut qu'à l'arrivée rapide de renforts. Selon des témoins oculaires, les émeutiers allaient enflammer le véhicule au moyen de cocktails Molotov. Par ailleurs, l'opération de fermeture des sièges d'APC s'est poursuivie hier. Ainsi, les portes des APC de Feraoun, Boudjellil, Akbou... ont été cadenassées, voire carrément soudées. L'appel à la grève de trois jours, lancé par la coordination intercommunale de Béjaïa, a été particulièrement bien suivi dans la vallée de la Soummam. Les localités de Sidi Aïch, El-Kseur, Amizour et Akbou étaient signalées villes mortes. Tous les accès y mènant ont été obstrués si bien qu'il était pratiquement impossible de se rendre d'une localité à l'autre. La ville de Béjaïa, dont l'activité était restée relativement normale, a vu sa quiétude perturbée. Dans l'après-midi d'hier, des dizaines de jeunes ont bloqué l'axe principal de la ville à hauteur du carrefour CNS. A l'heure où nous mettons sous presse, la police n'était pas encore arrivée sur les lieux. La côte Est a, quant à elle, brillé par son calme. Hormis l'incident de Tichy, où les jeunes ont brûlé les urnes, tout est demeuré normal. La veille du scrutin, le front antivote attise la tension, seul moyen de provoquer la peur et, par conséquent, d'empêcher le vote. A défaut d'arguments pacifiques, l'on a recours à celui de la force créant par-là un climat de psychose propice à tout dépassement.