Sans l'intervention de l'Etat, les locomotives de la Sntf seront toujours poussives. 65% des locomotives affectées au fret sont à l'arrêt. Le découvert bancaire étant de 4 milliards de dinars, les pièces de rechange risquent de moisir au port. En un mot: la Sntf fait du surplace et l'usager est mécontent. Pour redresser la barre, le directeur général de la société a une solution: faire de nouveau appel au contribuable pour renflouer les caisses. C'est ce qu'a proposé hier Mourad Benameur, président-directeur général de la Sntf, invité de la rédaction de la Chaîne III. Pour la restructuration de l'entreprise, un conseil interministériel s'est réuni en juin 2009 et a décidé le gel d'un découvert de 15 milliards de dinars au titre de l'exercice 2008. D'autres mesures sont prises pour desserrer l'étau sur la société. Il y a, entre autres, l'émargement du matériel roulant au Fonds national à l'investissement, un différé de dix ans pour le remboursement des financements qui n'aura lieu qu'en 40 ans.La société bénéficie aussi de 8 milliards de dinars de subvention de l'Etat contre 2,5 milliards auparavant. Une partie est affectée à l'entretien des machines qui ne se fait plus depuis des années, selon ce responsable qui ajoute qu'il s'agit aussi de prendre en charge le déficit de certaines lignes. Des mesures additionnelles sont aussi au programme. Il s'agit de la reconstitution du capital social. Il est négatif à raison de 10 milliards de dinars. «C'est technique», concède le président-directeur général. Mais il est clair que la société, à cause de cette difficulté, est dépendante des banques pour toutes ses opérations, y compris lorsqu'il s'agit d'achat de pièces de rechange. Le capital social doit être restructuré pour couvrir les charges d'exploitation et ne plus être dépendant des banques, est-il expliqué. D'ailleurs, 65% des locomotives destinées au fret sont immobilisées. Cette sous-activité contribue à générer 4 milliards de dinars de découvert malgré le gel antérieur de ces mêmes charges. D'autres contraintes attendent la société. Elle doit rembourser les crédits arrivant à échéance et disposer de liquidités pour répondre à ses diverses charges. Le tout entre dans le cadre du programme complémentaire examiné par le ministère des Finances et en conseil interministériel avant 2011. «On veut un fonds de roulement pour couvrir les charges d'exploitation. On ne fait plus de planification d'importation des pièces détachées. Nous avons des délais de dédouanement dépassés car nous n'avons pas de fonds. On a saisi les Douanes dès la semaine dernière pour régler ce dernier problème», poursuit le même responsable.Ce dernier aspire aussi à réhabiliter tout le parc. Pour cela, il a besoin de 120 milliards DA d'investissement. 30 locomotives vont être réceptionnées cette année.Pour l'instant, la société ne génère qu'un chiffre d'affaires de 4 milliards de dinars. «C'est faible. Pour redresser la situation, il faut atteindre 11 milliards», ajoute le même responsable.Les lignes déficitaires causent un manque à gagner de 5 milliards de dinars. Et c'est ce qui conduit la direction à solliciter une subvention. Elle a demandé 12 milliards DA mais n'en a reçu que 8. Contre 2,5 milliards auparavant. «On va diminuer les frais généraux et augmenter la productivité des travailleurs», promet le directeur. Le matériel n'est pas la seule préoccupation de la Sntf. Elle va recruter et former du personnel. 3500 agents sont déjà formés dans la sécurité et les nouvelles technologies. C'est l'Etat qui décide de l'exploitation des lignes déficitaires si elles restent exploitées. Au total, 25 millions de voyageurs ont été transportés en 2008. 80 millions sont escomptés dans quelques années.Plusieurs autres dossiers ont été évoqués. Ainsi, les vieux trains seront vendus. Pour ce qui est des accidents, il est signalé qu'il y a 1300 passages à niveau non gardés. Et il y a un projet pour supprimer certains d'entre eux afin de les remplacer par des ponts. 90 accidents et plusieurs décès ont été enregistrés en 2009. La dernière grève des cheminots n'a pas été évoquée. Contrairement à la nouvelle ligne Oran-Béchar.