Qui a dit que l'Algérie était à l'abri de la crise économique internationale? Le chiffre d'affaires 2009 des activités de fret de la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) s'est nettement amenuisé sous les coups de la récession mondiale, a révélé hier Benameur Mourad, directeur général de cette société nationale. Nous avons constaté en 2009 un recul sévère de nos activités de fret à cause des répercussions de la crise économique internationale. Notre C.A prévisionnel, dont 46% vient du fret, a chuté de 40% dans le transport du phosphate et de 25% pour le minerai. Nous avons réalisé l'année écoulée un C.A de 2 milliards de dinars pour des prévisions de plus de 3 milliards de dinars», déclare sur les ondes de la chaîne III le DG de la SNTF. Ce repli des activités de fret est justifié par l'impact de la récession mondiale sur les deux grands clients de la société nationale, à savoir Arcelor Mittal et Ferphos. Le recul de la demande sur le phosphate et le fer dans les marchés internationaux à eu des répercussions sur les activités des deux plus grandes entreprises du secteur minier en Algérie. Autre cause du repli des activités de fret est la défectuosité du parc roulant de la SNTF constitué de locomotives vétustes ou mal entretenues. «Aujourd'hui, nous sommes à une moyenne de 38 locomotives sur 100 disponibles pour le fret. La norme est de 80 locomotives sur 100», précise le DG de la SNTF. Revenant au le plan de sauvetage de la SNTF, Mourad Benameur dresse un jugement sans complaisance de la situation de cette société. En dépit du plan d'assainissement mis en œuvre en 2005, la société nationale reste totalement déstructurée. «Nous allons basculer vers la fin de l'année 2010 dans une nouvelle organisation de la société dans le cadre d'un projet initié par la Communauté européenne», souligne le même responsable. Il a reconnu que les activités de la société nationale demeurent en recul par rapport aux années 90. La SNTF a transporté au cours de l'année 1990 53,7 millions de voyageurs et 12,4 tonnes de fret. En 2008, elle a transporté seulement 25 millions de voyageurs et 6,2 tonnes de fret. La SNTF a perdu globalement près des deux tiers de sa clientèle en mois de vingt ans. Sur le plan financier, la SNTF était au bord de l'étouffement sans les dernières subventions de l'Etat. «Nous sommes passés de 2,5 milliards de dinars à 8 milliards de dinars de subventions étatiques», signale-t-il. La société nationale a également bénéficié de nombreux avantages pour se mettre sur les rails. Les autorités publiques ont accordé ainsi un délai de grâce de dix ans à la SNTF pour le règlement de son découvert estimé à 25 milliards de dinars. Interrogé sur la révision à la hausse de la tarification, Mourad Benameur préfère parler de réajustement des tarifs pour de nouvelles prestations. Il ne s'agit pas, selon ce responsable, d'une hausse des prix du ticket de train, mais tout simplement de tarifs «équilibrés». «Nous avons commencé à appliquer ces nouveaux tarifs. Toutefois, nous restons encore loin des tarifs équilibrés», affirme le premier responsable de la Sntf. Il ajoute que la société nationale a besoin de revoir ses tarifs pour couvrir ses dettes d'investissements estimées fin 2009 à un peu plus de 47 milliards de dinars. Il est à signaler que le plan de sauvetage de la SNTF, qui s'étale de 2009 à 2013, prévoit plusieurs actions : la remise en état du matériel roulant existant, l'acquisition de nouveaux matériels, le réajustement des tarifs de transport ainsi que la mise à niveau des infrastructures.