La charte devrait rappeler les élus à leurs devoirs quotidiens. Il y a eu d'abord des salles de 2 puis de 2,5 et enfin de 5000 personnes, comme à Médéa l'autre jour, pour accueillir le secrétaire général du parti du FLN, M.Ali Benflis. Une courbe ascendante en somme qui rappelle, à quelques nuances près, la campagne des législatives du 30 mai dernier qui, malgré une intense propagande antivote a, quand même, ouvert grandes les portes de l'APN à ses élus. Cet intérêt grandissant lui donnera-t-il pour autant l'avantage le 10 octobre prochain aux élections locales? A ce stade de la campagne s'il est, en effet, difficile d'anticiper les résultats finals, mais il n'est pas interdit pour autant «d'oser» quelque commentaire sur les performances d'un parti en compétition au moins, à savoir le FLN, dont nous avons suivi le grand retour sur la scène politique depuis un an. Toute extrapolation mise à part, il est une constante chez ce parti qui nous rappelle, à chaque instant, que les orateurs qu'il a délégués à travers le territoire national pour défendre les idées-forces de son programme devant les populations avides de comprendre le destin qu'on leur prépare, tient en un mot de trois syllabes: la conviction! Et non des promesses qu'on ne tiendra pas une fois élu. Il faut savoir que depuis la promulgation de la Constitution de février 1989, le FLN qui, à la faveur de circonstances particulières du 19 juin 1965, avait été associé durant de longues années à la gestion du pays comme élément emblématique de stabilisation garant de la voie populaire à suivre, ne reçoit plus aucun subside de la part de l'Etat sauf le montant qui lui revient «a posteriori» des élections au même titre que les autres formations politiques en activité. Or, un parti politique ressemble souvent à une entreprise commerciale ou industrielle qui dépense beaucoup, mais dont le bilan comptable est toujours négatif dans la mesure où elle ne produit ni ne vend des marchandises susceptibles de lui procurer des bénéfices. D'où le recours parfois aux dons et aux contributions en provenance des bourses pleines détenues par des commerçants ou des industriels dont, il faut dire, à de rares exceptions près, que bien souvent leur engagement est loin d'être désintéressé. Ce qui renvoie à une réalité beaucoup plus ardue dans la mesure où ce type de danger guette, par définition, tous les partis, y compris le FLN qui, conscient de cette menace et selon des sources non dénuées de probité, a réfléchi à un certain nombre de solutions pour empêcher les germes de ce fléau de se glisser dans ses rouages à dessein de les polluer. Mais pas seulement dans ses structures. Car à présent que le parti de Ali Benflis semble avoir aplani un grand nombre d'obstacles sur le chemin qui lui reste à parcourir pour remporter les prochaines élections locales, les vraies questions qu'auront à résoudre les futurs élus commencent à poindre. Par anticipation Ali Benflis qui, à chacun de ses discours, en appelle à moraliser davantage le comportement des élus, a, par ailleurs, fortement mis en garde contre la corruption et l'enrichissement illicite. La charte de l'élu local devrait, en principe rappeler à tout moment le maire ou ses adjoints à leur devoir quotidien, notamment quand les présomptions peuvent aisément démontrer qu'un édile ou son adjoint est sur le point de succomber à une tentation contre laquelle il ne dispose pas de parade efficace. Ceci d'une part. D'autre part et en l'absence d'une culture de la citoyenneté qui reste à semer pour pouvoir un jour parer contre toute forme de débordement corrupteur, il existe autour des APC, pas toutes, fort heureusement, des milieux détenant parfois des pouvoirs exorbitants qu'ils utilisent à mauvais escient contre les maires pour leur imposer des passe-droits. Ces milieux, tout le monde en Algérie le sait, ce sont parfois des policiers ou des gendarmes, mal dégrossis sur le plan moral qui, par l'usage de leur grade ou de leur uniforme, font pression sur les édiles pour obtenir d'eux qui, gracieusement, 20 ou 30 litres d'essence, qui un terrain à revendre, qui un appartement ou un local pour entreposer des marchandises qu'il revendra sous un prête-nom de grossiste, dont il a obtenu la licence de la même manière qu'il avait obtenu le local. C'est-à-dire malhonnêtement! Le FLN, qui semble effectivement élu pour remporter la timbale le 10 octobre prochain, devrait, dès à présent, songer à ce moment décisif où il lui faudra mettre tout son poids sur la balance pour éradiquer ce fléau dont il faut dire qu'il n'a cessé d'empoisonner la vie du citoyen et celle de nos institutions depuis l'indépendance. Car ce n'est pas tout de faire élire des présidents pour diriger les APC, encore faut-il que ces personnes soient protégées des ripoux et des gendarmes sans foi ni loi qui, malgré la crise et les morts quotidiennes dues à l'islamisme, continuent, toute honte bue, à faire chanter nos édiles.