Les rockeurs du désert ont clôturé, mardi soir, le festival Diwane dans une ambiance de folie. Le groupe a suscité la venue d'une marée humaine sans précédent qui a eu du mal, en partie, à accéder au Bois des Arcades, en cette soirée déjà moite. Certains sont venus tôt, à 16h pour acheter leurs tickets et faire le pied de grue devant l'entrée pour ne pas rater le concert. D'autres, les retardataires, ont dû rebrousser chemin ou carrément garer leurs voitures bien loin et monter la pente sinueuse de Riad El Feth à pied. Arrivés sur les lieux, des gens, hommes et femmes, dont une enceinte, se bousculent pour y entrer. Même munis de leurs tickets certains n'ont pu accéder au Théâtre de verdure en plein air. Ce soir, c'est le, deux poids deux mesures qui est réservé au public. L'entrée principale à laquelle le public s'est habitué, est consacrée, nous dit-on aux ambassadeurs et autres diplomates africains. Les autres, «Monsieur tout-le monde», font le pied de grue, ou sont serrés comme dans une boite à sardines, de l'autre côté de la barrière. On y étouffe, on crie, on gesticule. Les plus téméraires finissent par accéder à l'intérieur du Théâtre de verdure...dégoulinant de sueur! Un nombre élevé de policiers, à l'entrée font les sourds quand on leur adresse la parole. Un dispositif sécuritaire à revoir. Qu'à cela ne tienne, du coude musclé on se fraye un chemin tant bien que mal. Ça y est, nous y sommes. Des grappes humaines continuent à souffrir dehors suffocant sous le poids de la chaleur et de l'humidité. A l'intérieur, c'est la fourmilière. 21h. On diffuse un hommage à Maâlem Benaissa. La responsable du département Cinémusique, qui est aussi réalisatrice, a goupillé ce petit film de 15mn à la mémoire du défunt artiste. Le film comprend des images inédites de sa rencontre avec le Sénégalais Ali Boulo Santou à la 2e édition du Festival gnawi ainsi que des images de son concert avec Diwane Dzair au Festival Nuit Métis, à Beni Abbès en 2006. Puis, place enfin au concert du groupe touareg du Mali Tinariwen. Entre méditation spirituelle et rock du désert, Brahim et ses compagnons mettront le feu dans les gradins et surtout en bas de la scène occupée complètement par des jeunes dansant inlassablement au rythme mystique du blues saharien du Mali. Zehira Yahi, chef de cabinet de la ministre de la Culture, reste une demi-heure puis s'en va. Connu et reconnu, Tinariwen s'est fait une réputation de fer en se produisant à l'ouverture du Mondial en Afrique du Sud, le drapeau algérien mis en avant. A la première note, nous sommes troublés. En fait, la voix du chanteur ressemble à s y méprendre à celle de feu Athmane Bali. De tendres souvenirs remontent à la surface. Bali indémodable et éternel plane encore sous le ciel étoilé d'Alger. Le gnawi électrique de Tinariwen est servi à profusion. Quand à 22h30 le groupe veut prendre congé, le public refuse. Tinariwen fera l'objet de deux rappels et plus de trois morceaux supplémentaires. Les jeunes sont insatiables! Certains attendaient ce concert depuis très longtemps. Assia, une fan avoue l'avoir attendu depuis 8 ans. Un bémol cependant le manque inadmissible de toilette au niveau du théâtre. L'après-midi, côté cinéma, l'heure de la programmation a été changée pour honorer les activités de la semaine culturelle d'Ispahan. Côté film, nous apprendrons que le ministère de la Culture s'est arrogé le droit, en tant que tutelle, de changer le contenu de la programmation cinématographique. En effet, au lieu de L'Afrique danse et Alger rit de Ali Akika, film initialement Choisi par la direction Cinémusique du festival Diwane, c'est finalement le film Africa is back, au demeurant très intéressant de Salem Brahimi et Chergui Kharroubi qui sera projeté. Cette décision vient confirmer encore une fois que tout film portant sur le Panaf sera de l'apanage du ministère de la Culture et devra par conséquent détenir l'autorisation délivrée par ce dernier pour pouvoir le diffuser...ou non. Exit les réalisateurs indépendants. Le Panaf est un évènement étatique donc, tout ce qui a un lien direct ou indirect avec lui, doit passer par le département de Khalida Toumi vraisemblablement! Quoi qu'il en soit, le festival Diwane qui en est à sa troisième édition sous cette nouvelle appellation, aura connu sa véritable apogée grâce au concert du groupe Tinariwen que le public n'est pas près d'oublier...