A moins de deux semaines du sommet des chefs d'Etat de l'Union africaine, qui devrait se dérouler en Ouganda, un attentat terroriste fait un carnage dans la capitale du pays, Kampala. Plus de 74 morts et des dizaines de blessés. Le mouvement somalien des Shebab revendique l'attaque qui a visé deux restaurants éthiopiens. Il s'agit de l'acte terroriste le plus meurtrier depuis douze ans dans cette région de l'Afrique de l'Est. La crise somalienne s'invite ainsi de façon tragique dans la capitale ougandaise. Les Shebab, qui contrôlent la plus grande partie de la Somalie, combattent à Mogadiscio une force de paix de l'Union africaine (Amisom.) Cette dernière demeure un dernier rempart pour protéger le fragile gouvernement provisoire du président Sharif Cheikh Ahmed, élu début 2009. Il se trouve que l'Ouganda a été le premier pays à envoyer un contingent en Somalie. La moitié des 6 000 hommes de l'Amisom sont ougandais. Le double attentat commis à Kampala est le plus sanglant en Afrique de l'Est depuis celui commis contre les ambassades américaines de Nairobi et Dar es-Salaam le 7 août 1998. L'attentat avait fait 224 morts. La question somalienne revient ainsi avec acuité sur le devant de la scène. Les chefs d'Etat africains, qui se réuniront dans la capitale ougandaise, devraient se pencher sur la crise endémique qui secoue ce pays de la Corne de l'Afrique. La semaine dernière, l'autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), qui regroupe six pays d'Afrique de l'Est, avait décidé de déployer 2 000 hommes supplémentaires au sein de l'Amisom. Cependant, l'option devait être examinée durant le sommet de l'UA prévu du 25 au 27 juillet prochains. Devant les inquiétudes induites par l'attentat d'hier, le gouvernement ougandais s'est empressé d'assurer que le sommet de l'UA est maintenu et que la sécurité des délégations serait renforcée. Le Kenya a annoncé, pour sa part, un renforcement de la sécurité le long de ses 680 km de frontière avec la Somalie. La question somalienne sera incontestablement évoquée lors de ce quinzième sommet de l'Union africaine. L'Algérie n'a eu de cesse d'interpeler les Etats membres sur le phénomène du terrorisme transnational et sur la nécessité d'une action concertée pour le contrer. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, avait prôné, lors du dernier sommet d'Addis-Abeba, la reconstruction et le développement post-conflit pour consolider la paix retrouvée en Afrique. L'Algérie avait fortement déploré la persistance de l'insécurité et de l'instabilité dans certaines régions du continent africain. «Il nous paraît urgent de parachever le déploiement des bataillons restants de l'Amisom et de mobiliser le reste des promesses de contribution de la conférence de Bruxelles, ce qui permettra de renforcer les capacités des institutions somaliennes, de consolider la stratégie globale de sortie de crise et de restaurer l'Etat somalien dans sa plénitude», avait affirmé le chef de l'Etat algérien. M. B.