En près de cinquante ans d'indépendance, jamais le peuple algérien n'a subi un tel déluge d'insultes. L'Egypte n'a pas fini de subir les conséquences de ses coups tordus visant l'Algérie. L'un de ses projets d'investissement prévus en Algérie avec plus d'un milliard de dollars a été annulé. Il s'agit de l'usine projetée par le groupe El Ezz, qui devait être implantée à Jijel pour activer dans le domaine sidérurgique. Si des investissements de cette sorte sont mis au placard, il faudrait certainement s'attendre à d'autres mésaventures encore plus graves. L'égypte n'est pas loin de perdre le marché algérien où elle a exporté en 2009 pour une valeur d'un peu plus d'un demi-milliard de dollars. Les 550 millions de dollars constituant la facture des marchandises ne vont plus renflouer les caisses du Trésor égyptien. Le consommateur algérien a sûrement envie de troquer le made in Egypt contre d'autres provenances. L'espace économique naturel de l'Algérie est plutôt le Maghreb. Les gazoducs desservant l'Europe passent d'ailleurs par la Tunisie et le Maroc. Et ce sont ces deux pays qui sont le mieux placés pour prétendre à des complémentarités avec l'Algérie. Le ministère du Commerce n'est pas resté insensible à la question de la protection de l'économie nationale de la concurrence déloyale de certains pays arabes. Certaines sources n'hésitent pas à parler de pratiques franchement frauduleuses. Ces pays importent des marchandises de Chine et de Taïwan sur lesquelles des étiquettes sont ensuite collées afin de maquiller la véritable origine des articles et de les attribuer à un pays arabe. C'est contraire aux dispositions de l'accord sur la Zone arabe de libre-échange ratifié par l'Algérie depuis plus d'un an. La levée de boucliers des patrons a été immédiate. Ils ont demandé à l'ancien ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, d'initier une liste négative. Les pays arabes ne peuvent exporter ces produits en Algérie qu'en contrepartie de taxes. La liste contient 1644 produits. Elle était arrêtée dans un premier temps à 1141. Cela a fortement déplu aux Egyptiens. Et pour cause. C'est la pénétration du territoire algérien qui leur est restreint. Les espaces où ils peuvent déverser leurs produits se réduisent comme une peau de chagrin. Cette levée de boucliers n'a nulle autre pareille dans les pays arabes. Preuve en est faite du prix qu'attachent les Egyptiens au marché algérien. Cette nostalgie va demeurer à l'état de rêve. Car le consommateur a fait son choix. Il ne veut plus de produit égyptien. D'autres pays partenaires en fabriquent de meilleurs. Cette distance se remarque aussi dans d'autres domaines. La même désaffection est constatée pour les produits culturels. Films, feuilletons et chansons égyptiens n'arrivent plus à conquérir le coeur des Algériens et des Algériennes. La Syrie et la Turquie font tellement mieux. Les Egyptiens se sont engouffrés dans la brèche ouverte par l'accord pour tenter de faire main basse sur le marché local. Globalement, la valeur des produits ayant bénéficié des facilitations de la Zone de libre-échange est passée de un milliard de dollars en 2009 à 1,58 milliard une année plus tard. Il a fallu instaurer une taxe de 55% pour que l'invasion du marché recule. En parallèle, de 246 millions de dollars en 2009, les exportations algériennes vers la zone ont décru à 127 millions, soit moins de la moitié. Devant des vérités aussi tranchantes, la diplomatie n'y peut rien. Ce ne seront certainement pas les tentatives de rapprochement initiées par le président Hosni Moubarak qui feront oublier aux Algériens des vérités amères. Drapeau brûlé. Mémoire des chouhada profanée. Et autre ignominie encore...dont se souviendront longtemps ceux à l'encontre de qui ils ont été commis. En Egypte, on peut continuer à festoyer pour célébrer un certain 22 Juillet. Cela ne branche personne de ce côté du Maghreb.