Le groupe Emaar a annulé en Algérie un projet d'investissement de 5 milliards de dollars prévus dans l'immobilier et le tourisme. La crise financière mondiale de l'automne 2008 a emporté dans son tourbillon un nombre important de projets que les multinationales avaient programmés sur le continent noir. Au total, ce sont plus de 70 milliards de dollars d'investissement qui pourraient partir en fumée, soit plus de 17% des 393 milliards de dollars du stock global d'investissements directs étrangers du continent africain. Dans ce contexte, les mastodontes du Golfe ont suspendu quelque 335 milliards de projets dans le monde. Ils sont désormais contraints de s'unir pour rester debout, et abandonner leur investissement en Afrique du Nord pour se recentrer au Moyen-Orient. C'est le cas de Emaar, le promoteur immobilier qatari le plus important du golfe Persique. Frappé notamment par la chute de l'immobilier à Dubaï et aux Etats-Unis, Emaar a accusé des pertes énormes, chiffrées à 481 milliards de dollars au quatrième trimestre 2008, une baisse de plus de 10% de sa valeur en bourse et à 350 millions de dollars au deuxième trimestre 2009. Cela a contraint le promoteur à fermer sa filiale en Algérie, où pourtant, pas moins de 5 milliards de dollars d'investissement dans des programmes immobiliers et de tourisme, entre autres le réaménagement de la baie d'Alger, ont été annoncés en grande pompe. Ainsi, après la frénésie des annonces de projets d'investissements à coups de milliards de dollars, les investisseurs déjà fragilisés par la crise, ont été davantage entravés par l'absence de stratégie d'investissement claire en particulier, et les divers problèmes de politique locale en général. Dans le cas de l'investissement du groupe Emaar, les négociations finales ont achoppé sur l'accord de délivrance par Alger de 400 hectares pour la construction d'un complexe touristique et immobilier dans la banlieue Ouest d'Alger, contre un dinar symbolique. Mais le montant retenu de 5 milliards de dollars était loin d'être celui les 25 milliards de dollars que les responsables du groupe qatari avaient mis précédemment et confirmés à l'époque par l'Etat. En fait, le problème du foncier, qui demeure entier dans tout projet d'investissement en Algérie, a bien été la cause de cette rétractation. Les responsables algériens affirment que l'idée de partager les terrains de la baie d'Alger entre le projet de la Mosquée d'Alger et les terrains que souhaitent acquérir Emaar semblait très difficile rendant ainsi les ambitions du groupe caduques. Si la crise financière peut expliquer en partie la décision de gel des investissements, notamment en Algérie et de révision des projets prioritaires, il n'en demeure pas moins que cela, n'explique pas pourquoi les projets d'Emaar en Algérie ne sont pas considérés comme prioritaires. Aussi, en Afrique subsaharienne, où le secteur minier subit l'effondrement des cours des minerais, la plupart des géants mondiaux en font l'amère expérience. L'anglo-australien Rio Tinto pourrait se voir exproprier de la moitié de sa concession du gisement de fer de Simandou, en Guinée-Conakry. Son projet d'exploitation de 6,5 milliards de dollars est en stand-by. Les renégociations de contrats miniers à Madagascar menacent également la réalisation des projets du canadien Cherrit d'un montant de 2,1 milliards de dollars,(nickel-cobalt) et de QMM, filiale de Rio Tinto pour 940 millions de dollars. En revanche, le géant de l'acier ArcelorMittal a gelé presque coup sur coup ses deux projets phares d'exploitation de fer au Sénégal et au Liberia pour un investissement total de 4,7 milliards de dollars. La crise financière na pas épargné la filière bois des pays d'Afrique de l'Ouest et centrale. Laminé par l'effondrement de la demande mondiale, le secteur a dû procéder à des mises au chômage de plus de 6000 travailleurs. Au Gabon, au Cameroun et au Congo, les principaux exploitants ont été profondément affectés.