La projection de Ma fille restera ma fille a eu lieu, lundi soir, à la salle Ibn Zeydoun de Riad El Feth. On est en plein dans l'Algérie des années soixante, les années postindépendance. Les gens avaient alors de nombreux projets, mais aussi et surtout de nombreux espoirs. Ali a la trentaine et vit avec ses parents. On lui propose de le marier. Sa mère lui trouve une jeune femme originaire de leur patelin. Le mariage aura lieu peu de temps après. Celui-ci ne marquera que le début de l'histoire de Ma fille restera ma fille, dont le scénario et la réalisation sont signés Yahia Debboub. Il s'agit d'une histoire comme on entend souvent parler...même de nos jours. Ali (interprété par Mustapha Laribi) aime beaucoup les enfants, mais pas les filles. «Je veux avoir beaucoup d'enfants, mais uniquement des garçons!», fera-il savoir à sa femme, Samia (jouée par Manel Touati), dès le premier jour. Samia tombe enceinte puis accouche. La suite est facile à deviner tellement le scénario est linéaire. Elle aura une fille, bien évidemment, qu'elle appellera Sonia, puis une deuxième qu'elle nommera Samira, et comme il n'y a jamais deux sans trois, elle aura aussi Amina. Elle sera éprise de tristesse et d'amertume et son mari de rage et de déception lors de chaque accouchement. De guerre lasse, Ali se résigne. Néanmoins, il trouve une certaine consolation avec Amina dont le comportement, le gestuel et l'habillement tient beaucoup plus à la gent masculine. Il en sera ainsi jusqu'à l'arrivée du dernier né, Nassim, leur frère, le garçon tant attendu et tant souhaité par le père. Ma fille restera ma fille est construit, inéluctablement, à partir d'un constat bien réel: pour des raisons quelque peu archaïques et moyenâgeuses, les hommes préfèrent et parfois «exigent» de leurs épouses d'avoir des garçons plutôt que des filles. Toutefois, le problème abordé par cette fiction se trouve être un sujet épuisé et quelque peu suranné, qui a fait l'objet de nombreux films et pièces de théâtre. Et malgré le fait que ce sexisme révoltant soit toujours d'actualité dans une société dont les mentalités demeurent toujours à la traîne, Yahia Debboub, le réalisateur, a quand-même choisi de revenir quelque cinquante ans en arrière pour parler de ce phénomène toujours persistant. Avec une quarantaine d'années dans le cinéma, Yahia Debboub, n'a pas pu éviter les nombreuses maladresses si évidentes tout au long du long-métrage. Le matricule des voitures, les bâtiments Aadl, les tenues des comédiens dans les années soixante, le décor, sont autant de détails qui remettent en question la crédibilité du film. Aucun effort n'a été fourni pour la restitution d'un décor qui serait en adéquation avec la période évoquée dans l'oeuvre. C'est du moins l'impression que donnaient les anachronismes, nombreux et criants, du long-métrage. Malencontreusement, la représentation des différents personnages de Ma fille restera ma fille, n'avait pas comblé les multiples imperfections du film, elle était, au contraire, d'un ridicule achevé. Ainsi la fiction, qui nous a été présentée lundi soir à la salle Ibn Zeydoun, foisonnait de clichés et d'idées reçues concernant la société dans laquelle évoluent les personnages de Ma fille restera ma fille. La succession extrêmement rapide des événements dans ce film, d'une durée de 90 minutes, donne l'impression qu'il s'agit de quelques extraits «mal montés» d'une série ramadhanesque. Autre désagrément et qui n'est pas des moindres est le problème récurrent du son dans ce long-métrage, qui était pour le moins que l'on puisse dire, décevant!