Le Parlement irakien a repoussé hier sine die la tenue d'une nouvelle session en raison des blocages politiques, alors que le pays reste sans gouvernement près de cinq mois après les législatives. «Nous avons reporté jusqu'a nouvel ordre la réunion du Parlement parce que les partis politiques ont échoué à parvenir à un accord» sur la crise, a dit M.Fouad Massoum, l'aîné des députés, qui préside temporairement l'Assemblée. «Nous nous sommes réunis ce matin (hier) avec les chefs des blocs parlementaires et nous sommes convenus de donner un délai supplémentaire aux groupes politiques pour arriver à un accord sur le nom du nouveau président du Parlement et de ses deux adjoints», a-t-il ajouté. Le député kurde a confié que «les représentants des entités politiques» avaient «insisté sur le fait que le gouvernement actuel devait se borner à expédier les affaires courantes». Constitutionnellement, l'élection des hauts responsables politiques du pays se fait en trois étapes: d'abord celle du président du Parlement, puis celle du chef de l'Etat qui, lui, désigne le Premier ministre parmi le groupe parlementaire ayant obtenu le plus de voix. Ce dernier doit ensuite s'atteler à former un gouvernement qui doit être approuvé par le Parlement. Dans les faits, tous les postes sont distribués à l'avance entre les partis politiques après marchandages. Le 12 juillet, le Parlement avait donné aux groupes politiques deux semaines supplémentaires pour trouver un accord sur la formation du gouvernement et sortir de la crise. Les législatives du 7 mars n'ont donné à aucune formation la capacité de gouverner seule et les Irakiens attendent toujours de connaître le nom de leur prochain Premier ministre et la composition de leur exécutif. Le nouveau Parlement issu de ces législatives s'est brièvement réuni pour la première fois le 14 juin. «C'est vraiment décevant d'autant que la situation se détériore. Les blocs politiques en sont responsables car ils ne cherchent que leurs intérêts», a réagi hier le député sunnite Salem al-Joubouri, de la Concorde nationale (six sièges). «Je suis désolé de dire que les négociations sont dictées par l'extérieur (l'étranger, Ndlr). Ceci rend les choses plus compliquées», a-t-il dit. La déception était également perceptible chez le député du Bloc Irakien Ezzedine al-Dawla. «Le report est néfaste car la décision de considérer que le Parlement est en session ouverte est une violation de la Constitution. Le seul élément positif, c'est que les députés ont qualifié le gouvernement actuel de gouvernement chargé d'expédier les affaires courantes, ce qui va obliger les partis politiques à mener des négociations plus sérieuses.»