Des universitaires américains, européens et d'autres parties du monde fustigent l'attitude du gouvernement. Les enseignants et chercheurs algériens sont soulagés suite au soutien exprimé par leurs homologues étrangers après l'interdiction du ministère de leur permettre de se déplacer en dehors des frontières sans autorisation. Des organisations internationales réagissent à ces restrictions. L'appréciation faite par un chercheur algérien ayant requis l'anonymat, renseigne sur le malaise profond généré par cette décision. «Même la France coloniale n'avait pas imposé, en temps de guerre, ce genre de restrictions et limites aux universitaires et chercheurs français partisans ou ayant soutenu solennellement le FLN», a déploré cet enseignant. Néanmoins, on croit savoir que le Conseil national des enseignants du supérieur prépare une riposte pour contrecarrer cette décision qualifiée «d'arbitraire». Des organisations regroupant des universitaires et des chercheurs ont adressé une correspondance au ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Dans cette lettre, sont exprimées de vives inquiétudes quant aux restrictions imposées aux universitaires et chercheurs algériens. Dans une circulaire datée du 18 juin 2010, le secrétaire général du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a donné ordre aux responsables des universités d'informer le ministère sur «les cas de participation à des manifestations pouvant revêtir un caractère sensible afin de se prononcer sur l'opportunité et d'organiser la concertation avec le ministère des Affaires étrangères». Le même responsable a évoqué dans sa circulaire l'existence de lobbies qui organisent ces manifestations sans préciser leur identité. «Cela peut amener les participants, à travers des pétitions et des motions, à prendre des positions contraires aux intérêts nationaux», a-t-il écrit. La lettre a été signée par le Congrès mondial des études sur le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. Cette organisation regroupe des chercheurs issus de tous les pays. Il y a aussi le Conseil de l'Eurames (European Association for Middle Eastern Studies) qui regroupe plus de 3 500 chercheurs dans 23 pays européens et le Davo (German Middle East Studies Association for Contemporary Research and Documentation) qui regroupe plus de 1300 chercheurs. Les Conseils du Wocmes, de l'Eurames et du Davo s'alarment du fait qu'une telle décision relève d'une instance politique et non académique; ils y voient un risque d'arbitraire dans l'appréciation du caractère sensible ou non de la manifestation scientifique, et un risque d'entrave à la liberté de circulation et d'expression qui sont à la base de toute recherche scientifique. «Nous sommes conscients des effets déplorables qu'une telle circulaire peut avoir sur le travail des collègues algériens et in fine sur l'image internationale de votre pays», lit-on dans la lettre. Les universitaires et chercheurs de l'Association d'études d'Amérique du Nord ainsi que les chercheurs de l'université de l'Arizona ont exprimé les mêmes inquiétudes dans une autre lettre. Ces chercheurs et universitaires américains se déclarent «profondément préoccupés par cette série de directives» qui limitent le déplacement et le libre exercice de la profession de chercheur. Les chercheurs américains estiment qu'il s'agit de décisions «contraires aux droits fondamentaux des citoyens tel que cela est écrit dans la Constitution de l'Algérie».