Depuis 1995 à ce jour, l'Algérie n'a jamais constitué un territoire de départ d'une quelconque menace en direction de pays étrangers. Des deux ambassadeurs, américain et français convoqués par notre ministère des Affaires étrangères pour leur faire part «de sa surprise et sa désapprobation» suite aux décisions prises par leurs autorités d'inscrire l'Algérie dans la «black list» des pays à risque et dont les ressortissants représentent un danger sécuritaire potentiel, seuls les Etats-Unis ont déployé des efforts pour tenter de rassurer les autorités algériennes ave un défilé de responsables du département d'Etat américain à Alger. Dans un geste d'apaisement, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a aussitôt téléphoné à son homologue algérien Mourad Medelci. Peu après, c'est la sous- secrétaire d'Etat adjointe américaine, Janet Sanderson. Une visite suivie aussitôt par celle de Mme Gina Abercrombie-Winstanley, coordinatrice des programmes américains de lutte contre le terrorisme. Même si pour l'instant, ces démarches n'ont pas encore été suivies d'effet, il n'en demeure pas moins que l'intention a été exprimée prouvant la considération et le respect qu'accordent les Américains à la souveraineté algérienne, allant même jusqu'à affirmer accepter et comprendre le principe de réciprocité évoqué par l'Algérie. Côté français, la seule réaction enregistrée est celle de son ambassadeur dans notre pays qui, dans un entretien accordé à un quotidien algérien, fut sidérant par l'explication qu'il donne de la position de la France dans ce dossier. «Les mesures prises ne peuvent pas être considérées comme dégradantes puisqu'il ne s'agit que de communiquer des listes de passagers ne contenant que des renseignements d'identité et les références des documents de voyage» et d'ajouter que ce ne sont là que «des éléments d'information qui existent déjà lors de la constitution du dossier de demande de visa.» On ne peut s'empêcher de lui demander pourquoi, dès lors, ne pas puiser ces «éléments d'information» tout simplement du dossier de demande de visa? Simple excès procédurier et bureaucratique? Auquel cas, il faut avoir vraiment l'esprit mal tourné pour n'y voir rien de dégradant. L'attitude du gouvernement français est à l'évidence, mue par d'autres considérations à rechercher ailleurs. Des considérations tellement inavouables que le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner a préféré annuler une de ses visites en Algérie prévue ce mois. Quelles réponses en effet peut-il apporter à un pays comme l'Algérie qui fut le premier à faire face et seul, plus d'une décennie durant, au terrorisme? Quelles réponses peut-il donner à un pays qui a réussi à vaincre ce même terrorisme et que la France s'obstine, malgré tout, à le classer comme «pays à risque»? Que répondre au Directeur général de la Sureté nationale, M.Ali Tounsi, lorsqu'il a déclaré à juste titre, lors d'une visite d'inspection en juillet dernier, que nos ports et aéroports répondent «parfaitement aux normes internationales en matière de sécurité. L'aéroport Houari-Boumediene d'Alger est classé parmi les aéroports les plus sécurisés du monde»? Quelles réponses pourrait apporter M.Kouchner, quand cette même Direction générale de la Sûreté nationale confirme dans un entretien que vient de publier, dans son dernier numéro, la revue El-Djezaïr.com, «qu'il est constaté que depuis 1995 (après le détournement de l'avion d'Air France en décembre 1994) à ce jour, l'Algérie n'a jamais constitué un territoire de départ ou de rebond d'une quelconque menace en direction de pays étrangers, tout comme il est constaté que les attentats de ce genre à l'étranger n'ont jamais impliqué de ressortissants algériens»? Alors, à quelles raisons obéit cette inscription de l'Algérie parmi les pays à risque? La seule réponse qui reste plausible nous est donnée par notre président de l'Assemblée populaire nationale, M.Abdelaziz Ziari, qui qualifie l'événement de «mesures provocatrices».