La circulaire du ministère de l'Enseignement supérieur, obligeant les enseignants à demander une autorisation avant d'aller participer à une rencontre internationale, continue de susciter l'indignation. Après la communauté universitaire nationale, des organisations internationales réagissent. En effet, deux importantes associations de chercheurs et universitaires d'Europe et d'Amérique du Nord ont exprimé leurs vives inquiétudes. Il s'agit de World Congress for Middle Eastern Studies (Wocmes) et Middle East Studies Association of North America (MESA). Elles viennent d'adresser deux lettres au président Bouteflika et au ministre de l'Enseignement supérieur, dans lesquelles elles font part de leurs vives inquiétudes quant aux conséquences des mesures contenues dans la circulaire ministérielle. Pour elle, il est clair : « La circulaire vise à superviser et à contrôler les mouvements de chercheurs de façon à limiter leurs interactions et gérer leurs discours. » Ainsi, le Wocmes s'est dit, à l'issue de son troisième congrès, qui s'est tenu du 19 au 24 juillet à Barcelone, « alarmé du fait qu'une telle décision relève d'une instance politique et non académique ». L'association, qui regroupe plus de 3500 chercheurs dans 23 pays européens, voit en la circulaire du ministère comme « un risque d'arbitraire dans l'appréciation du caractère sensible ou non de la manifestation scientifique et un risque d'entrave à la liberté de circulation et d'expression qui sont à la base de toute recherche scientifique ». L'organisation considère « inquiétant que certains Etats, au lieu de favoriser les terrains de rencontres, semblent s'ingénier à dresser des obstacles devant les chercheurs ». Les universitaires européens disent également être conscients « des effets déplorables qu'une telle circulaire peut avoir sur le travail des collègues algériens, sur la recherche scientifique en Algérie, et in fine sur l'image internationale de votre pays ». Même réaction chez la Middle East Studies Association of North America (MESA), basée à l'université d'Arizona (USA). Cette dernière exprime sa « profonde préoccupation au sujet d'un ensemble de directives énoncées dans la circulaire ». L'association américaine, regroupant 39 organisations, estime que les mesures contenues dans la circulaire du ministère « sont contraires aux droits fondamentaux des citoyens consacrés par la Constitution algérienne ». « Ces mesures représentent ainsi une grave violation de l'essence même de l'université comme un espace pour le libre-échange des idées, d'informations, d'analyses et de perspectives. Les organismes scientifiques, les échanges et les débats n'ont pas besoin de l'imprimatur et ils ne devraient pas être supervisés par le gouvernement », lit-on dans la lettre du MESA. L'organisation demande ainsi l'annulation de ces directives qui sont profondément préjudiciables à la liberté académique. « Il est difficile d'échapper à la conclusion que l'objectif est de superviser et de contrôler les mouvements de chercheurs de façon à limiter leurs interactions et à gérer leurs discours. Cela ne doit pas être toléré », affirme la MESA. Et d'ajouter : « Une telle circulaire non seulement représente une violation flagrante de la liberté académique, mais son application va ternir l'image de l'Algérie à l'étranger. »