«Nous intervenons, mais nous ne pouvons pas contrôler tous les produits qui sont mis sur le marché.» Intervenant hier sur les ondes de la Radio nationale Chaîne III, la directrice du contrôle de la qualité et de la répression des fraudes au ministère du Commerce, Me Hassina Lebkiri a mis le doigt sur une question jamais abordée. Elle a appelé les opérateurs économiques, notamment les importateurs, à se spécialiser, dans une démarche de professionnalisation. Enchaînant sur la question liée à la protection du consommateur, l'invitée de la rédaction a reconnu que les inspecteurs engagés quotidiennement sur le terrain, ne peuvent à eux seuls assurer une totale protection pour le citoyen. «Nous intervenons, mais nous ne pouvons pas contrôler tous les produits qui sont mis sur le marché», a déclaré la représentante du département du Commerce. L'oratrice a expliqué que plusieurs secteurs dans leurs domaines respectifs peuvent, en effet, contribuer à cette opération. «La protection du consommateur et le contrôle des produits sont une action citoyenne», a-t-elle dit. De ce fait, le premier concerné en l'occurrence le citoyen est désormais censé être à l'avant-garde des préoccupations des agents de la direction que préside Mme Lebkiri. D'autre part, elle s'est adressée aux responsables des collectivités locales, en les appelant à s'impliquer davantage. «Les collectivités locales doivent maintenant prendre en charge leurs missions de protection du consommateur», a-t-elle indiqué. De même que Me Lebkiri n'a pas omis de mettre en valeur le rôle des associations de protection de la santé des consommateurs qui, selon elle, «ont un travail de sensibilisation, pouvant contribuer à l'instauration d'une certaine culture de consommation chez le citoyen algérien». Cependant, d'un côté et contrairement aux dires de la même responsable, les associations de protection des droits du consommateur en Algérie n'arrivent toujours pas à se faire entendre et s'affirmer en tant qu'interlocuteurs, des pouvoirs publics. D'ailleurs, elles n'ont jamais été consultées ni associées dans la prise de décisions qui concernent le consommateurs encore moins à l'élaboration des lois. Mais d'un autre côté, «des moyens leur sont accordés par l'Etat», estime pour sa part Mme Lebkiri. Les statistiques du ministère du Commerce font état de pas moins d'une soixantaine d'associations réparties à travers l'ensemble du territoire national a être agréées. L'on comprend mal alors la léthargie dans laquelle sont plongées ces associations face au nombre indéterminé de dépassements et d'atteintes à la sécurité et à la santé du consommateur algérien. Les cas d'intoxications alimentaires et de vente de produits avariés alimentent presque quotidiennement les colonnes de la presse nationale. Des subventions leur sont pourtant octroyées pour leur fonctionnement. Le consommateur demeure ainsi pris entre l'inertie des acteurs de la société civile et l'incapacité des pouvoirs publics à le protéger. Sur la question des produits périssables, la directrice du contrôle de la qualité et de la répression des fraudes a déclaré que «la chaîne du froid est soumise à un contrôle strict et permanent». Malheureusement, il faut dire que le non-respect des conditions de conservation des aliments est couramment constatée chez certains commerçants malhonnêtes. Ces derniers négligent les règles régissant la chaîne du froid destinée à conserver les denrées périssables, ce qui met en péril la santé des consommateurs spécialement en été. Ils n'hésitent pas à débrancher les frigos le soir par souci d'économie d'électricité. Mme Lebkiri a affirmé en outre que «des unités de prospection sont dégagées sur le terrain chaque jour, et des PV sont rédigés, lesquels serviront d'élément de base pour entamer des poursuites judiciaires à l'encontre des contrevenants». S'agissant de la loi imposant le remplacement des casiers en bois par ceux en plastique, décidée récemment par le gouvernement, la même invitée a reconnu que son application n'est pas encore respectée, estimant qu'il faudrait encore du temps. La lutte contre la contrefaçon est aussi liée à la sécurité du consommateur. Selon Me Lebkiri, «la préoccupation essentielle de la lutte contre ce fléau, c'est avant tout sécuriser le consommateur conformément aux textes et dispositifs sur la propriété intellectuelle». Sur un autre registre, Lebkiri a déclaré que «toute activité non régie par un registre du commerce, est considérée comme étant un commerce illicite et sera combattue».