Le ministère du Commerce est impuissant à contrôler son secteur. C'est l'aveu, à peine voilé, émis hier par Mme Hassina Labkiri, directrice du contrôle de la qualité et de la répression des fraudes au ministère du Commerce. « Nous intervenons, mais ne pouvons pas contrôler tous les produits sur le marché », a-t-elle confié, sur les ondes de la Radio nationale. Seuls 4500 agents sont actuellement chargés de contrôler pas moins de 1,3 million de commerçants sur le territoire national. « Nos moyens sont dérisoires par rapport à l'ampleur de la tâche », déplore-t-elle. Il est clairement établi que ces effectifs sont dépassés par l'ampleur de la désorganisation du marché et la prolifération des pratiques frauduleuses. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le département de Mustapha Benbada envisage le recrutement de 7000 cadres universitaires, entre 2010 et 2014, dont 1000 d'ici la fin de l'année en cours. En 2009, sur un million d'interventions effectuées, 190 000 infractions à la loi ont été enregistrées, ce qui a permis la fermeture de 10 000 locaux et la saisie de marchandises pour une valeur de 875 millions de dinars, selon les chiffres du ministère du Commerce. Durant la même année, plus de 4400 cas d'intoxication ont été recensés avec deux décès enregistrés. La viande et ses dérivés, l'eau et les pâtisseries sont à l'origine de ces intoxications. D'ailleurs, sur 10 échantillons contrôlés, 4 sont non conformes. Interrogée sur la complaisance de certains inspecteurs de contrôle, Mme Labkiri a botté en touche, préférant asséner que la protection du consommateur et le contrôle de la qualité relevaient d'autres secteurs d'activité. Dans ce cas, à titre d'illustration, des produits alimentaires exposés sur la voie publique au mépris des règles d'hygiène, Mme Labkiri souligne que les collectivités locales doivent assumer leurs responsabilités. Elle insistera sur l'urgence de la redynamisation des bureaux communaux d'hygiène. Interpellée par ailleurs sur la problématique de l'hygiène au niveau des abattoirs, la responsable a avoué que beaucoup de ces infrastructures ne sont pas toujours aux standards exigés. « Ce n'est pas du jour au lendemain qu'on disposera d'abattoirs aux normes requises », a-t-elle conclu.