De nouveaux commerces ouvrent à chaque coin de rue pour vendre les ingrédients des plats du Ramadhan. Une dizaine de jours nous sépare du début du mois de Ramadhan. Pourtant, l'odeur de la chorba est déjà dans l'air. Dans les villes, les pratiques annonçant l'approche du mois de jeûne justifient bien la précipitation et la frénésie des citoyens et commerçants à l'accueillir comme à l'accoutumée. Les couffins remplacent déjà les sachets en plastique, des garages fermés sont rouverts et aménagés pour vendre de la zlabia, les diouls et les ingrédients pour la préparation de la chorba. Ces mêmes ingrédients envahissent déjà les marchés. Plusieurs traditions propres au mois de Ramadhan ont donc fait leur apparition dans le quotidien des Algériens, avant l'heure. A moins de 10 jours du mois sacré, on note déjà, l'apparition de nouveaux commerces. C'est ainsi que des garages jusque-là fermés, ont rouvert leurs portes afin de faire office de lieux de vente de gâteaux, mais aussi et surtout de la zlabia, un commerce qui connaît une forte demande durant le mois de jeûne. Rachid qui travaille comme pizzaiolo à Alger estime que la zalabiya sera la priorité durant le mois de Ramadhan. «Je reprendrai mon activité juste après», dit-il. Et d'ajouter: «J'ai déjà préparé tous les moyens nécessaires pour le travail». Pas loin de lui, Karim et Hamid étaient dans un magasin et mettaient les dernières retouches à leur futur commerce, celui de vendre du pain traditionnel, des gâteaux et des diouls. «On a déjà prévu et désigné nos fournisseurs», dira Hamid, 24 ans, étudiant en droit, soucieux de gagner un peu d'argent, de quoi faire face à ses besoins de la rentrée en matière de vêtements et de moyens d'études. Dans les magasins, les femmes sont plus que jamais nombreuses à acheter de tout. Dans les boucheries, c'est la chaîne, on achète de la viande en grandes quantités de peur que les prix s'enflamment. Les céréales moulues, les diouls et les dattes sont exposés dans presque tous les magasins, et même ceux spécialisés dans la vente des fruits et légumes. Cette frénésie est accompagnée de l'ambiance induite par le nombre remarquable de fêtes de mariage organisées durant cette fin de semaine. Cela est essentiellement expliqué par le fait qu'il ne reste plus qu'un seul week-end pour les familles désireuses de programmer des fêtes. Le mois sacré bloque toute cérémonie de fiançailles, circoncision ou mariage. Rares sont les familles algériennes qui organisent des fêtes pendant le mois sacré. Côté mercuriale, on constate que c'est toujours le premier souci des ménages. Le marché des fruits et légumes affiche pour le moment une relative stabilité des prix. La pomme de terre, produit essentiel du plat algérien, est vendue entre 30 et 45 DA maximum, un prix pourtant, au dessus des promesses tenues par les responsables des secteurs concernés, notamment le ministère de l'Agriculture et celui du Commerce, qui déclaraient que son prix ne devrait pas excéder les 20 dinars/kg. Les prix des piments, de la laitue et de la courgette varient entre 60 et 75 DA, quant à la tomate, elle est affichée chez certains vendeurs à 60 DA, alors qu'elle ne dépasse pas les 25 DA chez d'autres. De ce fait, l'anarchie règne toujours malgré tous les efforts déployés jusque-là par les pouvoirs publics, visant à assurer la disponibilité des produits à des prix abordables et raisonnables. La viande rouge n'est pas cédée sous la barre des 700 DA le kg. Les citoyens espèrent qu'il n'y aura pas, comme de tradition, d'autres produits alimentaires qui verront leurs prix augmenter sur le marché.