«La pression du public était fortement ressentie par tous les membres du commissariat. Nous avons laissé les raïmen chanter à leur guise.» «Nous avons évité un désordre en laissant les chanteurs raï interpréter le chant raï, même ces derniers ne pouvaient rien faire de mieux que d'abdiquer aux exigences du public.» C'est ce qu'a déclaré Baroudi Bekhedda, membre du commissariat du Festival de la chanson oranaise. Voilà une déclaration qui a révélé la manière avec laquelle la chanson raï a été intégrée dans le menu du Festival de la chanson oranaise. La 3e édition du chant et de la musique oranaises continuent à constituer un sujet dominant les débats locaux. Les raïmans ont chanté le verbe cru alors qu'ils devaient interpréter la chanson oranaise connue pour son verbe pudique. Là est toute la question. Connu pour son franc-parler, l'élève de Blaoui El Houari a dévoilé ce qui a été caché pendant tout le déroulement du festival, les raisons qui ont poussé les chanteurs de raï à interpréter leur verbe croustillant dans un festival où le verbe discret devait être le maître des lieux. Selon Baroudi Bekhedda, la forte pression du public, tant capricieux, était à la fois inévitable et incontournable. «Houari Dauphin et Cheb Réda n'avaient pas d'autre choix que d'abdiquer aux fantaisies irrésistibles de la forte assistance qui réclamait du raï.» Et d'ajouter que «cette même pression était fortement ressentie par tous les membres du commissariat. Nous avons laissé les raïmans chanter à leur guise d'autant que le Théâtre de verdure ne semble pas constituer un lieu adéquat pour abriter une telle festivité». Là est le point culminant de l'intervention de Baroudi Bekhedda qui est longuement revenu sur les circonstances du déroulement de la 3e édition du Festival de la chanson oranaise. «Le chant oranais a triomphé, étant donné que ce dernier constitue l'identité de tout l'Ouest», a indiqué Bekhedda, ajoutant que «le festival consacré à ce style musical est un acquis pour toute la région». Au plan des chiffres, le responsable de la programmation a estimé que la réussite du festival a été totale. Près d'une centaine de chansons, dont une dizaine nouvellement créées, ont été interprétées par une cinquantaine de chanteurs dont six chanteurs de raï. Ces derniers, qui ont affiché leur appartenance au répertoire de la chanson oranaise, ont été intégrés au programme du festival après qu'ils se soient engagés à interpréter la chanson oranaise. «Engagement qu'ils ont appliqué à la lettre. Les chanteurs de raï ont démontré leur aptitude dans le chant oranais», a affirmé M.Belkaïd. La musique oranaise renaît de ses cendres, son logo officiel a été consacré, a dévoilé Mme Rabiaâ Moussaoui, commissaire du festival, ajoutant que le gain le plus important est cet engouement, chaque soir, des familles et l'intérêt réservé par les jeunes quant à adopter et développer ce genre musical.