Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Qui arrêtera cette anarchie qui a démasqué le visage informel de Constantine durant cette reprise ? La région en a vu de toutes les couleurs depuis le début du mois sacré. Arnaque, produits saisis et impropres à la consommation, insécurité… Des mesures draconiennes seraient prises juste après l'élaboration du compte rendu sur cette dure épreuve de la rentrée sociale. La cité millénaire s'était transformée en un grand bazar dans lequel toute transaction était permise sous les yeux des responsables. Pis, le Ramadhan de cette année a été marqué par une recrudescence de la violence même dans les places publiques où les services de l'ordre assistent, parfois, impuissants aux querelles quotidiennes des citoyens. Difficile rentrée sociale que celle de cette année. En effet, la famille constantinoise a été soumise à rude épreuve en vidant ses poches en trois circonstances successives durant lesquelles les dépenses sont plus qu'obligatoires, notamment quand on évoque la rentrée des classes et le Ramadhan. Si la suppression du crédit à la consommation a acculé les ménages à entrevoir d'autres sources de crédit pour se surpasser, les commerçants assez convoités, mais toujours dépassant le seuil de la marge bénéficiaire, n'ont fait qu'enfoncer les ménages. Une inflation justifiée par l'éternel alibi de l'offre et de la demande, mais faiblement amortie par les sentences des pouvoirs publics sur les dépassements ayant caractérisé les ventes et les spéculations. Les exemples sont multiples, allant des produits de consommation aux effets vestimentaires, notamment avec la mesure ministérielle sur le port des blouses unifiées pour les garçons et pour les filles. Encore une fois, le mois sacré, période de rahma et de communion, n'a pas rendu la tâche facile aux pères de famille souvent victimes de pratiques commerciales douteuses. Pourtant, la direction du commerce avait bien entamé son travail de contrôle en déployant 23 brigades mixtes (qualité et prix). La nature généreuse du mois a laissé libre cours à l'interprétation «pathétique» de tout étalage informel. «C'est l'anarchie totale qui a caractérisé ce mois de jeûne. Jamais de mémoire de Constantinois on n'avait assisté à une telle dégradation dans la cité. Tout le monde est devenu commerçant alors qu'à chaque occasion du mois on promettait que la situation allait connaître un léger mieux, voire un assainissement radical», se lamente un citoyen véritablement écœuré par cette situation. Il va sans dire que les décisions des pouvoirs publics précédant le mois de Ramadhan n'ont pas été prises au sérieux par les acteurs de la scène commerciale. L'Union générale des commerçants algériens n'a vraisemblablement pas inspecté tel qu'il se doit le marché d'autant que des luttes intestines sur le leadership au bureau de wilaya a placé les préoccupations des consommateurs au second plan. Désormais, l'attention devrait être braquée sur les nouvelles mesures présidentielles qui, pour rappel, étaient intervenues à quelques jours du démarrage du mois. Bouteflika avait instruit les pouvoirs publics d'entrevoir un dispositif permettant de réguler le marché. L'inflation a «brûlé» le budget des familles algériennes. Le Président en a rompu le silence pour prendre des mesures espérées novatrices et, surtout, répressives afin de mettre un terme à cette mentalité commerciale tous azimuts durant le Ramadhan. Cette conjoncture assez juteuse qui remplit bien les poches de l'informel au grand dam des bourses moyennes devrait céder la place à la réglementation et à son application stricte. Par ailleurs, il faut mettre l'accent sur les circuits informels des fruits et légumes dont les initiateurs ne sont que les propriétaires eux-mêmes faisant fi des textes réglementaires. C'est justement cet itinéraire qu'il faut combattre sans répit, estime le directeur du commerce. Sur un autre plan, le couffin du citoyen est fragilisé par l'absence de véritables associations de défense des consommateurs à l'exception d'une seule qui tente malgré tout de s'imposer sur le terrain en dépit de ses faibles ressources financières. Au demeurant, le constat est toujours amer. Le mois sacré, la rentrée des classes et l'Aïd ont occasionné beaucoup de dépenses … C'en est trop ! La goutte qui a fait déborder le vase est incontestablement le fait des commerçants indélicats et sans scrupules, dont le seul souci est le gain. Toutefois, l'éventail de cette mascarade a été élargi par un «semblant» de souplesse accordée à une autre catégorie de commerçants jouxtant les marchés plus ou moins contrôlés. La période a été dure et il vaut mieux tourner la page et croiser les doigts pour l'entrée en vigueur dans les délais de la «sentence» présidentielle.