L'entraîneur algérien est un technicien de «l'ombre» qui travaille selon des principes bien arrêtés depuis fort longtemps. Hué, conspué, et surtout pris à partie par la majorité du public du stade du 5-Juillet présent lors du match amical Algérie-Gabon, le sélectionneur national des Verts, Rabah Saâdane, n'ira pas jusqu'au bout de son contrat 2012. Hier, porté en triomphe, notamment à Khartoum un certain 18 novembre 2009, le patron de l'EN se retrouve depuis mercredi dernier dans une situation morale, telle qu'il n'est plus question pour lui de «revivre» ce qu'il avait enduré sa famille et lui, au lendemain du Mondial de 1986. 24 ans après la débâcle des Verts en terre mexicaine, Rabah Saâdane garde encore les séquelles d'une participation algérienne à un Mondial considéré catastrophique à l'époque par tout le monde en Algérie, et suite auquel, le coach national avait constitué le «principal» bouc émissaire. Saâdane qui reste malgré tout à ce jour le seul technicien algérien, arabe et africain a avoir pris part avec son équipe nationale à deux phases finales de la Coupe du Monde, ainsi qu'à plusieurs CAN, n'a malheureusement jamais été considéré comme le véritable «sorcier» du foot algérien. Un homme de terrain certes, mais qui s'est plutôt distingué par un comportement aux antipodes de celui des «hommes publics» que des événements d'ordre footballistique ont souvent projeté sur le devant de la scène. En réalité, Rabah Saâdane est un technicien de «l'ombre» qui travaille selon des principes bien arrêtés dans sa tête depuis fort longtemps. Il a toujours fait partie de cette génération de techniciens issus de l'Ists, et qui ont, dès les années 1980 peu à peu commencé à s'impliquer concrètement dans la gestion des différentes équipes nationales. Une catégorie d'entraîneurs dits scientifiques, peu connus à l'époque, mais qui ont fini par «s'imposer» au sein du football national, grâce notamment au «soutien» de la presse sportive et certains médias lourds du pays. Or, Rabah Saâdane n'a jamais été, sinon en de rares occasions seulement, un technicien de football très «sollicité» par les médias. Il ne l'a été que lorsque l'EN réalisait d'excellents résultats, comme cela avait été le cas lors de la double qualification des Verts au Mondial 1986 et la CAN égyptienne de la même année. Mais c'est justement au cours de cette année 1986, que le sélectionneur national, Rabah Saâdane allait «subir» pour la première fois de sa carrière, un terrible affront dont même sa famille en pâtira longtemps. Le technicien en question quittera même l'Algérie pour exercer son métier d'entraîneur dans un pays voisin comme le Maroc. Un pays du Maghreb qui lui permettra de se relancer, et surtout de panser ses blessures grâce au prestigieux trophée africain des Clubs champions, remporté en 1987 avec le Raja de Casablanca. Une première consécration continentale acquise de surcroît à Oran, face au finaliste malheureux de l'époque, le MCO. Néanmoins, chaque fois que le technicien batnéen a pris en main les destinées des Verts, tout devenait compliqué à gérer dans l'esprit de ce technicien, certes souvent affable avec tout le monde, mais incroyablement «allergique» face à la moindre critique. Certes, «chat échaudé craint l'eau froide», et les expériences passées vécues par Rabah Saâdane en tant que sélectionneur national, ont montré que diriger une Equipe nationale, ne sera jamais du seul ressort d'un homme, mais aussi de tout un environnement sportif et social, aujourd'hui «avide» de coups d'éclats, via son EN de football. Aujourd'hui, les Algériens sont fiers, et surtout jaloux de leur Equipe nationale, à telle enseigne qu'ils ne pardonnent plus le moindre revers de la part des mêmes Verts, et de ce coach national qu'ils avaient pourtant porté en triomphe, et chanté la gloire, il y a quelques mois de cela. Et si Rabah Saâdane a sérieusement «accusé» le coup cette fois, il est encore temps pour lui de passer à autre chose. Mais de grâce, les insultes qui ont eu pour cible Rabah Saâdane, dernièrement au stade du 5- Juillet, n'honorent nullement leurs auteurs. Et si l'actuel patron technique des Verts doit partir, il le fera. Tout simplement pour cause d'un après-Mondial 1986 encore présent dans sa mémoire.