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«Je veux rejouer en Algérie»
AMIR MADJER À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 15 - 08 - 2010

Finie l'époque de Rabah Madjer et voilà donc celle de Amir Madjer. Oui, un autre Madjer est en train de suivre les pas de notre Rabah national et ce n'est autre que son propre fils: Amir (22 ans) qui évolue au sein de l'équipe qatarie, El Wakra, depuis deux années. Amir Madjer se trouve à Alger depuis une semaine. Il a effectué des essais au CR Belouizdad, dans la perspective de s'engager avec le club de Laâkiba, mais il s'y est pris en retard et il projette donc de revoir l'option de participer au premier Championnat d'Algérie professionnel dès le prochain mercato d'hiver. Peu de gens savent que Rabah Madjer a un fils qui est footballeur et licencié en sciences politiques, mais pour être sûr qu'on ne lui offre pas le poste de milieu de terrain au regard de la célébrité de son père, mais pour ses vraies compétences footballistiques, Amir se présente sous le nom de Abbas Amir, utilisant ainsi le nom de jeune fille de sa mère. C'est dire que le futur «héritier» de Madjer veut bien réussir tout seul, sans l'aide de son père, ni de l'aura de celui-ci. Sollicité, Amir Madjer a bien voulu accorder à L'Expression cette interview exclusive, dans laquelle, il explique, entre autres, ses idées et ses projets futurs:
On croit savoir que vous êtes à Alger dans la perspective de vous engager dans un club pour la première saison professionnelle. Est-ce-que vous confirmez?
Effectivement, j'ai eu des discussions avec les responsables du CR Belouizdad et j'ai même effectué des séances d'entraînement avec le groupe tout en participant à des matchs amicaux.
J'ai donc disputé trois matchs avec le CRB, contre la Protection civile, Bentalha et une sélection de jeunes du Chabab. Mais malheureusement, je me suis pris en retard et je ne peux donc pas prétendre débuter ce premier championnat professionnel avec une équipe en Algérie.
Et pourquoi donc?
C'est simple, je suis venu au moment où les responsables du CRB avaient tout préparé pour le début de saison. Et faute de règlement concernant l'effectif à retenir, il est impossible que je sois parmi le groupe du début de saison. La preuve: Akniouène et Gherbi ont été libérés.
Vous êtes donc bien déçu, n'est-ce pas?
Déçu, oui, car j'aurais bien voulu jouer en Algérie. J'ai voulu changer d'air, mais je dirais que cela a été une bonne expérience pour moi de découvrir l'ambiance de groupe d'un club algérien, la manière de se préparer et la mentalité des joueurs sur le terrain.
Et pourquoi avoir choisi spécialement le CR Bélouizdad?
C'était simplement une première opportunité qui m'a été offerte et j'ai donc voulu tenter ma chance.
Peut-on connaître votre parcours en matière de football?
J'ai débuté dans l'école du FC Porto. J'ai joué au poste de milieu offensif. Puis j'ai fait mes classes (minimes et cadets) au sein du NA Hussein Dey avant de rejoindre Ahly Qatar où j'ai joué trois ans durant. Puis, j'ai signé à El Gharafa, toujours au Qatar pour une année et enfin, je me trouve depuis deux ans au sein de l'équipe d'Al Wakra. J'ai d'ailleurs décroché le titre de Champion du Qatar avec El Gharafa et j'ai même joué aux côtés de mon compatriote international, Réda Madouni dans ce même club.
Et vous avez certainement côtoyé de grandes vedettes du football au Qatar, sans oublier les grands techniciens qui y exercent, pouvez-vous en citer quelques-uns?
J'ai débuté en seniors au Qatar à l'âge de 16 ans. J'ai côtoyé Pep Guardiola, l'actuel entraîneur du Barça. Il m'a montré beaucoup d'astuces et j'ai été très heureux d'apprendre quelques trucs avec lui au sein du Ahly Qatar. Il y a eu aussi, le Marocain Athmane Laâssa (un milieu de terrain lorsque je jouais à El Gharafa). Il y a eu aussi le Brésilien Kleberson, bien sûr sans oublier Madouni que j'ai déjà cité. J'ai beaucoup appris avec ces joueurs et bien d'autres au Qatar et d'ailleurs ma polyvalence m'a toujours aidé dans mon travail sur le terrain. Avant, je jouais avec un maillot portant le nom de Amir pour ne point influencer les gens à bien me considérer à cause de l'aura de mon père. Mais, depuis une année, j'ai pris un nouveau maillot frappé du nom de Madjer, sans complexe, estimant avoir donc fait mes preuves.
Vous voulez donc quitter El Wakra. Y a-t-il des problèmes qui vous poussent à le faire?
Ah! non. Je me suis toujours senti à l'aise à El Wakra. D'ailleurs, au Qatar et au sein des équipes dans lesquelles j'ai évolué, j'ai toujours été respecté et bien considéré. Au Qatar, la culture est de s'intéresser au concerné et ce, sans avoir à être influencé par sa filiation ou le prestige de ses parents. A El Wakra, on a tous les moyens pour bien travailler. D'ailleurs, cette année, on compte deux nouvelles équipes au sein du championnat. Et ce sera très dur pour la saison prochaine. C'est d'ailleurs le seul club au Qatar dont l'entraîneur est arabe.
Il s'agit du Marocain Mustapha Madih. Croyez-moi, c'est vraiment un honneur et une fierté que de battre des équipes drivées par des entraîneurs comme l'a été Alain Michel, ou encore, contre celle de Pakita le Brésilien, champion olympique avec la sélection du Brésil, ou encore, Simondi.
On compte également dans notre club de bons joueurs dont l'international marocain Adel Ramzy et son compatriote Younès Houaci, le Belge Tom Kaloe qui évoluait en Hollande. Il y a également le défenseur ukrainien Ali R'hima, champion d'Asie. Seulement, pour moi, je pense qu'il est temps de changer d'air. Voilà pourquoi j'ai opté pour jouer en Algérie. Je dois donc retourner au Qatar dans quatre jours pour reprendre les entraînements et attendre le prochain marcato pour me fixer sur ma prochaine destination.
Le championnat du Qatar est donc bien relevé alors que la plupart des amateurs de football pensent que le niveau du football qatari est faible. Qu'en dites-vous?
Ecoutez, le football s'est bien développé au Qatar, contrairement à ce que pensent certains. On a trop spéculé lorsque Belhadj a signé dans un club qatari. Mais, c'est parce qu'on ne connaît pas ce football. Je vous assure que Belhadj ne va pas du tout perdre de sa superbe en jouant au Qatar. J'aurais bien aimé avoir toute la richesse de son expérience pour la mettre en valeur au Qatar. Et c'est ce qu'ont fait les grandes stars qui ont joué dans ce pays.
Ce qui permet donc d'avoir une grande concurrence et beaucoup de spectacle sur le terrain. C'est vraiment très dur et très rude de jouer devant de grands joueurs expérimentés et internationaux de surcroît. Mieux encore, il y a certains joueurs qui ont émergé en jouant au Qatar. Il y a par exemple, Bak qui évoluait à el Rayane. Celui qui avait disputé la Coupe du Monde 2006 en tant que capitaine de la sélection nationale de Pologne. Il y a aussi Bill Chato, l'international Camerounais qui avait participé à une CAN avec son équipe nationale alors qu'il jouait au Nadi Qatar.
Il y a Mauro Zarati, l'Argentin qui jouait à Al Sadd avant d'éclater à la Lazio et jouer en équipe nationale. Tout comme l'Ivoirien Abdelkader Keita qui a éclaté en France après avoir joué à Al Sad aussi. D'ailleurs, ce n'est pas du tout un hasard si les Qataris veulent organiser le Mondial 2022.
Justement, pensez-vous qu'ils pourront bien relever ce défi?
Ils ont tous les moyens pour bien réussir ce pari, croyez-moi. Il se trouve que le président du comité chargé du dossier du Qatar, Cheikh Mohamed Ben Hamed al Thani, est un bon ami. Il a fait partie de la même école que moi celle de George Town. Et de par ma relation amicale, j'ai eu le privilège de voir le projet et les maquettes et je vous assure que c'est quelque chose de grandiose. C'est supérieur à ce qui a été fait, aussi bien dans une CAN, un Mondial ou les Jeux olympiques jusque-là.
En évoquant votre école, votre père a toujours privilégié vos études sur le football, quel est votre avis?
J'ai eu mon Bac en politique internationale à l'université George Town au Qatar, là où l'ex-président des Etats-Unis, Bil Clinton a également effectué des études. Et mon père m'a toujours vu et pris comme un étudiant. Et puis, un jour, en rentrant à la maison, il a allumé la télé et me voilà sur le terrain. Et ce fut le déclic pour lui. Il a bien constaté que mon orientation vers le football était très sérieuse. Il venait donc de me découvrir footballeur surtout lorsque le commentateur faisait mes éloges. C'était pour lui une fierté. Mon père a eu beaucoup de propositions des pays africains, des Etats-Unis, en Asie, et il a toujours refusé, privilégiant la stabilité au sein de la famille. Il a toujours fait en sorte de garder un contact permanent avec la famille. Et c'est donc un honneur pour moi qu'il découvre que je suis ses traces. On n'a pas vécu l'époque de mon père et même si on nous raconte, on ne saisit pas bien la portée de ses résultats. On était alors jaloux de nos parents et proches, mais avec cette génération nouvelle, celle de l'Internet, de la vidéo, c'est une autre mentalité. On peut voir un geste, une action et la répéter sur le terrain avec un coéquipier. Avant, cela ne pouvait se faire faute d'Internet et de vidéo.
Quelle serait donc votre conclusion?
Permettez-moi juste de citer quelques-uns de mes coéquipiers algériens qui évoluent au Qatar et qui possèdent beaucoup de talent. Non pas pour leur faire de la publicité, mais parce qu'ils le méritent bien de par leurs capacités et compétences sur le terrain.
Il y a les deux frères Slimi: Islam (22 ans), latéral droit à Echamal, Mohamed (24 ans), milieu défensif de Sylia et il va être le coéquipier de Belhadj. Il y a Ahmed Bouzid (milieu de 22 ans) au sein de Lakhouya qu'entraîne notre compatriote Djamel Belmadi, et il y a le tout nouveau qui est venu de Chéraga, Boualem Khoukhi (18 ans), qui évolue en défense.


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