Selon un sondage exclusif réalisé par CSA pour l'hebdomadaire Marianne, près de 70% des sondés jugent sa politique sécuritaire menée depuis ces huit dernières années, inefficace. Un désaveu cinglant pour le président de la République française. Il était à la tête du ministère de l'Intérieur en 2002 avant de se retrouver à l'Elysée depuis 2007. Huit longues années, durant, où il a fait cavalier seul en matière de politique sécuritaire, en général, et particulièrement en ce qui concerne l'immigration. C'est régulièrement que l'amalgame, entre ces deux thèmes favoris du chef de l'Etat français et de l'extrême droite française, fut réalisé. Nicolas Sarkozy s'est retrouvé aux anges après le sondage de l'Ifop (dont la vice-présidente n'est autre que Laurence Parisot qui est aussi à la tête du patronat français). Effectué la semaine dernière pour le Figaro, quotidien proche des thèses «sarkozyennes», il a fait état de statistiques très favorables aux mesures préconisées par le chef de l'Etat français. 80% de ses compatriotes avaient plébiscité, entre autres, son projet de déchéance de la nationalité française qui devait pénaliser les Français d'origine étrangère. Sarkozy et son gouvernement descendent de leur nuage. Au contraire du sondage de l'Ifop, celui de CSA indique que 75% de la population française jugent que «les Français d'origine étrangère sont des Français à part entière». 73% d'entre eux sont en effet convaincus que les inégalités sociales restent la cause fondamentale de la délinquance et de l'incapacité chronique des responsables politiques à la réduire. C'est ce que disent les chiffres de cette récente «enquête». Il faut faire remarquer que près d'un Français sur deux, 49% exactement, estime qu'il n'y a pas et qu'il ne faut tisser aucun lien direct entre immigration, délinquance et insécurité. Incontestablement, Nicolas Sarkozy doit revoir sa copie. Nul doute que la stratégie actuelle qu'il vient d'élaborer en vue de la prochaine élection présidentielle qui aura lieu dans moins de deux ans est remise en cause. Le premier tour doit se dérouler en principe au mois d'avril 2012. Le temps presse. La défaite semble inéluctable. Nicolas Sarkozy joue son va-tout. Il caresse dans le sens du poil l'électorat lepéniste très sensible aux thèses racistes et populistes. Sur ce terrain, il aura en face de lui un redoutable client: le Front National qui en a fait sa chasse gardée. Epinglé par le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale de l'ONU (Cerd) au sujet des dernières mesures qu'il projette de faire adopter en matière de politique sécuritaire, le président de la République française voit sa marge de manoeuvre se rétrécir comme une peau de chagrin. A sa proposition de retirer la nationalité française «à une personne d'origine étrangère ayant volontairement porté atteinte à la vie d'un policier, d'un gendarme ou toute autre personne dépositaire de l'autorité publique», plus d'un Français sur deux s'oppose à la déchéance. «Tous les Français doivent être égaux devant la loi quelle que soit leur origine» viennent de répondre 51% des sondés. A propos de cette question précise et du rapport du Cerd qui l'a sévèrement critiquée, les lieutenants de Sarkozy sont allés au charbon pour défendre le projet de leur patron. Très maladroitement, il faut le reconnaître. «Tous les pays qui en font partie ne sont pas des exemples de démocratie vivante ni des exemples du respect des minorités: l'Algérie, la Russie ou la Roumanie qui traite très mal les Roms. Il faut voir dans quel état ils sont lorsqu'ils viennent chez nous», a déclaré, sur le ton de la rancune, sur les ondes de France Info, le député UMP (Parti de la majorité présidentielle) Christian Vanneste, qui a qualifié le comité onusien de «suspect». Pour rappel l'expert togolais, du Cerd, Ewomsan Kokou avait relevé une «recrudescence notable du racisme et de la xénophobie» en France. Ce n'est évidemment pas du goût du gouvernement français qui devra pourtant devoir composer avec son opinion publique qui vient de le désavouer sévèrement à propos de la politique sécuritaire orchestrée et menée par Nicolas Sarkozy depuis 2002.