En ce mois de Ramadhan qui, en principe, doit constituer un véritable tremplin pour les différentes activités culturelles, la ville, en dépit d'un riche programme, baigne dans une lourde monotonie. La ville de Béjaïa ne mérite-t-elle pas un programme riche et varié qui verra la programmation de quelques vedettes de la chanson algérienne, celle du chaâbi et de l'andalou notamment? Serait-ce une affaire d'argent lequel coule pourtant à flots dans le secteur de la culture ou plutôt le désintéressement des autorités concernées? Est-ce lesdits chanteurs et autres vedettes qui boudent la ville de Yemma Gouraya? Ce sont là un tas de questions que se posent les citoyens de la ville de Yemma Gouraya, affichant leur consternation en découvrant le contenu des programmes des nuits ramadhanesques au niveau du TR Béjaïa et la Maison de la culture, notamment deux institutions qui disposent de moyens financiers et matériels à même de rivaliser avec les grandes wilayas. Sans réduire du niveau ou de la qualité des chanteurs locaux, la présence de chanteurs de renommée nationale, les grands maîtres du chaâbi qui ont toujours fait honneur à la ville la plus culturelle de Béjaïa, serait la cerise sur le gâteau, ce qui aurait fait, sans aucun doute, beaucoup de plaisir aux Béjaouis, ainsi qu'aux chanteurs locaux qui auront à se frotter aux grands maîtres du domaine. Pour le Ramadhan de cette année, les citoyens de la ville de Yemma Gouraya l'ont attendu, à l'instar du peuple algérien, avec l'espoir de ne pas se heurter à la hausse des prix d'une part et surtout de se voir offrir des soirées riches et variées afin de se distraire après la fatigue et le jeûne de la journée. En somme, même si le programme des nuits nocturnes s'annonce étoffé, la qualité reste en deçà des attentes des citoyens de la ville de Yemma Gouraya, voire sa renommée culturelle. L'ambiance se crée beaucoup plus ailleurs que dans l'enceinte des institutions culturelles étatiques et cela, grâce aux bénévoles et autres volontaires mélomanes, amoureux de l'art chaâbi qui ont retroussé les manches pour sa sauvegarde et sa promotion sans l'aide des institutions concernées et des autorités locales. Loin des institutions culturelles officielles, les mélomanes de la chanson chaâbi trouvent refuge dans les cafés et autres espaces, l'ex-tribunal de Béjaïa qui abrite l'association Ennaciria et le café Bouluiza de l'ex-place Philippe, entre autres. Quant aux soirées institutionnelles, qui disposent des budgets colossaux à cet effet, le programme concocté pour les nuits ramadhanesques est exclusivement à l'actif du Théâtre régional Malek-Bouguermouh, de la Maison de la culture, et du comité des fêtes de la ville de Béjaïa en plus des initiatives prises par quelques communes de la wilaya. Les soirées se partagent entre théâtre, projections de films et soirées musicales. Par ailleurs, dans les autres communes à travers le territoire de la wilaya, l'animation est comme à l'accoutumée, dans le même cercle des traditions, dominos, loto, jeu de cartes. Sans nouveauté aucune, faute d'initiative, les citoyens en général, et les jeunes en particulier, et même ceux qui ne le sont plus d'ailleurs, se désolent qu'il n'y ait pas de centres de distraction où ils peuvent passer agréablement leurs soirées pour oublier un tant soit peu les déboires de la journée. «A part les cafés, et les projections vidéo qui se font en cachette, nul autre moyen pour se distraire. C'est pour cela qu'on préfère prendre le bus et descendre à Béjaïa-ville qui présente plus au moins des programmes d'animations sinon pour prendre un peu d'air marin du côté de la Brise de mer», se sont exclamés des jeunes, venus pour une virée dans la ville de Yemma Gouraya. Ainsi, c'est pour dire que l'absence de spectacles est à ajouter à une longue liste de choses qui manquent en ce mois sacré où les animations même existantes, s'annoncent, d'ores et déjà, moroses, insipides et monotones.