Après “Gourbi Palace”, “Agence Ramadhan” et trois saisons de “Imaret El-Hadj Lakhdar”, Lakhdar Boukhers fait son souk cette année en compagnie de son acolyte des premiers jours Hichem Mesbah dans le rôle du fils Lakhdar. Liberté : Parlez-nous de cette nouvelle série dans laquelle vous jouez avec Lakhdar Boukhers... Hichem Mesbah : C'est une nouvelle série, d'accord, mais cela reste dans le même esprit de Imaret El-Hadj Lakhdar. L'idée est de rester très proche de la société algérienne en traitant des sujets qui la concernent directement. Que cela se passe dans un immeuble où on trouve différents rangs de la société, ou alors dans un marché où on trouve le médecin, le chômeur, l'étudiant, le chaâbi… c'est pareil ! On a juste changé de lieu. Finalement, l'idée de se balader d'un lieu à un autre nous excite beaucoup… Mais en définitive, on reste très proche du peuple, que ce soit dans un hammam, dans un souk, ou dans un immeuble, l'essentiel est de parler des choses qui nous touchent. Je pense que c'est le moment de s'impliquer dans cette société vu que cela se passe très très mal en ce moment, on essaye de montrer ce qui ne va pas sans dire ce qu'il faut faire, juste de les montrer et d'attester que les choses vont mal ! À part le lieu qui a changé, quelles sont les différences entre cette nouvelle série et les précédentes ? On est passé de l'immeuble qui a ses problèmes, vers le souk qui a ses propres problèmes aussi. On n'est pas là pour dénoncer quoi que ce soit, on joue l'actu du chaâbi : la hausse des prix est une réalité, les arnaques dans le souk et la mauvaise marchandise est une réalité aussi… et peut-être que nous allons passer à un autre lieu, à l'administration pourquoi pas, et même au stade qui sait. Est-ce que le fait de mettre le doigt sur tous ces problèmes liés à la société n'éloigne pas la série de son aspect humoristique puisque c'est une série humoristique à la base ? C'est vrai que Lakhdar est un comédien très talentueux, et sincèrement, j'ai un peu peur pour lui. En tant que comédien et metteur en scène, je me dis dommage, parce que Lakhdar est une valeur sûre de la comédie, qu'on aimerait bien le voir dans des longs métrages… mais je pense sincèrement que Lakhdar est dans une phase où il est très mal par rapport à ce qu'il l'entoure, il a mal pour le pays en tant que citoyen qui voit ce dernier changer — tout comme moi qui suis à Alger-Centre, je vois les valeurs disparaître —, je pense qu'il se sent investi d'une mission bien spéciale, celle d'épouser ce personnage qui est très populaire, afin que les gens s'identifient un peu à lui parce qu'il a vraiment mal… Je suis d'accord sur le fait qu'il faut se réveiller un petit peu et de revenir à notre métier initial qui est la comédie. Pour revenir à vous, en tant que comédien dans les différentes séries de Hadj Lakhdar, avez-vous un rôle défini ou n'est-ce qu'un faire-valoir à celui de Lakhdar Boukhres ? Ma devise est très claire ! Je suis issu d'une école supérieure des arts dramatiques, on a étudié de manière académique, “il n'y a pas de petits rôles… il y a de petits comédiens, mais il n'y a pas de petits rôles !”, un rôle est un rôle, il faut le défendre au maximum, je ne suis pas un faire-valoir ! Je suis un comédien qui s'adapte à toutes les situations. Après la série de Hadj Lakhdar, je vais monter un one man show, un spectacle personnel, je vais faire de l'animation à la télé, je prépare les Folies Berbères… Je vis ma vie pleinement en tant que comédien, et pour revenir à la série Hadj Lakhdar, c'est un coup de cœur, je suis heureux d'être avec Lakhdar dans la série, c'est d'ailleurs une devise. “Je dois être présent chaque mois de Ramadhan”, j'ai un public qui m'attend chaque année, et je n'ai pas envie qu'il se dise “pourquoi il n'est pas là cette année”, et mon devoir est d'être présent, même si c'est dans un petit rôle que je défends au maximum. Quelle est la vie de Hichem Mesbah sans Lakhdar ? Le spectacle des Folies Berbères sera présent durant le mois de Ramadhan dans différents sites, c'est un spectacle de music-hall qui existe depuis 1992, et bizarrement, la demande existe aussi jusqu'à maintenant. Je participe à deux coproductions, la première est tunisienne (court métrage) et la seconde, marocaine (long métrage). Juste après le mois de Ramadhan, je vais reprendre mon émission télé Sassafinda avec comme à chaque fois, des artistes algériens comme invités. Sans oublier, le one man show que je suis en train de préparer, je me suis entouré d'amis scénaristes bourrés de talent pour l'écriture de ce spectacle, c'est comme ça, je sais jouer, mais je ne sais pas écrire, à chacun son rôle, et Inch'Allah l'année prochaine, je vais raconter un peu de ma vie sur scène en pensant à plein de gens.