Certains partis usent encore de promesses lancées à l'usage de la base de l'ex-FIS pour promouvoir leur «cachet électoraliste.» Un membre du majliss echoura de l'ex-FIS qualifie les tentatives d'intercéder auprès des autorités aux fins de libérer Abassi Madani, le numéro 1 de l'ex-FIS, de «manoeuvres politiciennes et d'intrigues électoralistes dont le but est de séduire l'électorat». Poussant un peu plus l'ironie, il ajoute:«La dernière fois que les partis politiques algériens avaient intercédé en faveur du FIS, nous nous sommes retrouvés en prison...». Allusion faite aux événements de mai-juin 1991 et de ce qui s'ensuivit (emprisonnement des deux leaders, fin juin 1991). «Si les partis politiques qui nourrissent un peu de sympathie pour la situation des ex-leaders du FIS avaient un tout petit peu de sincérité dans leurs démarches, rien de ce qui est arrivé ne se serait produit», observe l'ex-leader du parti dissous. «Mais, en politique, tous les coups fourrés sont permis, certes, mais un peu de décence est exigée. En termes clairs, il n'y a rien qui ressemble à une démarche politique sérieuse destinée à aboutir à la libération de Abassi Madani, dont l'état de santé décline à vue d'oeil». Le propos acide de la direction (ou de ce qui en reste) du parti dissous renseigne sur l'esprit circonspect qui est le leur depuis qu'ils avaient été libérés avec la ferme exigence de se tenir éloignés de l'aire politique légale. En deux mots, ce qui agace les anciens du FIS, c'est le fait qu'à chaque échéance électorale importante, et à court d'arguments politiques, on fait (re) sortir le dossier du FIS. Alors - à qui mieux mieux - on spécule sur la participation d'anciens repentis aux élections, on dresse des états des lieux sur la possibilité d'élargir les deux chouyoukh emprisonnés depuis 1991, on «fouille dans les tiroirs» de l'AIS ou on fait de l'oeil à la base islamiste. Bien sûr, ce sont les partis islamistes, eux-mêmes, qui usent le plus de ces subterfuges. Que ce soit pour le MSP, le MRN ou Ennahda, le chapitre FIS a été souvent ouvert afin de brasser le maximum de l'ex-base du FIS, qui s'était dispersé dans la nature depuis 1992. C'est dire le marchandage dont font encore l'objet les anciens du FIS, au moment où l'exigence (officielle, mais non dite) des autorités est de faire l'impasse sur ce parti dissous que la nouvelle génération connaît à peine. Les contradictions dans le discours de la classe politique algérienne a fait que le pays peut tomber en ruine et les eaux le submerger de toute part si l'intérêt du parti et des personnes est préservé. L'image la plus significative est le discours «opulent» développé par les chefs de parti au moment où on assiste à l'exacerbation du sentiment d'exclusion de la jeunesse urbaine pauvre. Pire que les fausses promesses, les miroitements et l'attirance des pouvoirs, ce sont les images violentes transposées dans le discours électoraliste qui font peur et celle de la libération de Abassi Madani n'est pas des moindres.