Celui qui a été l'objet d'un «désaveu intégral» de la part du groupe d'Alger de l'ex-FIS, a été «intronisé» par un message de protestation des autorités algériennes. La vive protestation exprimée par l'ambassadeur algérien auprès des Nations unies, Mohamed Salah Dembri, au gouvernement suisse, à la suite de l'élection de Mourad Dhina à la tête de l'ex-FIS à l'étranger, a fait grincer des dents les leaders du FIS, parti dissous depuis le 4 mars 1992 par voie de justice. Et pour cause, pendant le temps où Dhina multipliait les démarches pour avoir la caution du «groupe d'Alger», dont la légitimité historique et structurelle ne souffre aucune ambiguïté, et donner un semblant de valeur réelle à son élection, la démarche de Dembri sous-entend que les autorités algériennes font état de sa nomination récente, à la suite d'un mini-congrès aux contours opaques. En d'autres termes, la colère des leaders algérois de l'ex-FIS est exprimée en ces termes: «Pendant le temps où l'élection de Dhina a été accueillie avec rejet et désapprobation, car elle est illégitime, nulle et non avenue, les autorités algériennes protestent officiellement, par le biais de leur représentant, à propos de Dhina. Cela sous-tend une reconnaissance implicite de son statut de nouveau chef du parti...» Le premier faux pas de Dembri peut se résumer à cette mauvaise appréciation des enjeux qui secouent, par ses fondements, la mouvance radicale de l'ex-FIS. Le deuxième faux pas est le résultat du premier : la demande de l'Algérie, qui a buté sur le droit international et les jeux de coulisses des ONG humanitaires, ainsi que sur le «travail» de l'actuel président de la commission des droits de l'Homme de l'ONU (et contre lequel Dembri avait croisé le fer lors de la 58e session), a été rejetée. L'élection de Mourad Dhina à la tête du FIS à l'étranger a été unanimement rejetée par les membres du parti dissous, aussi bien par les membres fondateurs que par les leaders de l'après-congrès de Batna (Djeddi, Boukham-kham, Guemazi, Omar Abdelkader, Hachemi Sahnouni, etc). La carte brandie par le CC-FIS, initiateur du congrès de Bruxelles, se résume au seul soutien écrit de Abassi Madani. Or, celui-ci est soumis à une très vive critique de la part de ses ex-compagnons qui sont allés jusqu'à lui denier, dorénavant, le droit de parler au nom du FIS sans une autorisation préalable des membres de ce qui reste du conseil consultatif. Et Abassi, à en croire certaines sources, s'est plié à cette exigence. Mieux, Ali Benhadj a été mis au courant du congrès qui se préparait, mais a préféré garder le silence, synonyme d'une désapprobation totale avec les organisateurs, qu'il qualifie de «tendancieux et intéressés». Dans un message verbal adressé à un membre de l'ex-majlis echouri, il refuse «toute initiative visant, sous le couvert de refonte des structures du parti à l'étranger, à exclure ou à éliminer certains leaders au profit d'autres». Cette situation a fait que Dhina s'est retrouvé très fragilisé, et multipliait les sollicitations envers les leaders algérois en vue de se repositionner. Fin de non-recevoir et rejet des décisions du congrès mystérieux tenu à Bruxelles ont répondu à l'appel du «consultant en informatique», dernière fonction de Mourad Dhina à Genève. Mieux, le congrès, organisé en catimini et ayant regroupé moins d'une vingtaine de membres, a été qualifié de «opaque», «douteux», «sans effet» et, pour clore les qualificatifs, d'«indigne du FIS», voire de «virtuel et imaginaire», allusion à la participation par Internet et messages e-mail. Le temps d'arrêt et le silence qui ont marqué la direction de cette structure controversée ont largement renseigné sur sa fragilité et sa «légèreté», car ne bénéficiant d'aucun crédit, à Alger, et au sein même de la base militante, d'aucun soutien.