Harare a maintenu son refus d'appliquer la décision du tribunal régional invalidant l'expulsion de plusieurs fermiers blancs du Zimbabwe. La Communauté de développement d'Afrique australe (Sadc) devait se prononcer hier sur le refus de Harare d'appliquer la décision du tribunal régional invalidant l'expulsion de plusieurs fermiers blancs du Zimbabwe, à la clôture de son sommet annuel en Namibie. Ce point de désaccord pourrait mettre en cause l'image même du tribunal car «la crédibilité de la Sadc elle-même est menacée si les décisions du tribunal ne sont pas respectées», a prévenu Kallie Kriel de l'organisation des droits de l'homme AfriForum. Ce tribunal, basé à Windhoek, avait été saisi en 2008 par 78 fermiers blancs visés par un ordre d'expulsion du gouvernement zimbabwéen. Il avait alors invalidé cet ordre, estimant qu'il s'agissait de «discrimination raciale» contraire aux principes du bloc régional. Harare avait immédiatement fait savoir qu'il ne respecterait pas ce jugement allant à l'encontre de sa réforme agraire, lancée en 2000. Quelque 4000 fermiers blancs avaient été expulsés dans la violence et la précipitation par le président Robert Mugabe. Le Zimbabwe a fait également valoir qu'il n'a jamais ratifié le protocole d'accord sur la création de ce tribunal. Ses détracteurs ont répliqué que la signature du traité de la Sadc incluant ce protocole revenait à reconnaître l'existence même de cette institution juridique. Face à cette bataille juridique, le tribunal n'a aucun recours pour faire appliquer ses décisions si ce n'est d'en référer aux dirigeants d'Afrique australe. «La Sadc a demandé aux ministres de la Justice de faire un rapport mais ils ne l'ont pas fait. La décision va simplement être reportée sine die», a prédit une source proche des discussions. Car le Zimbabwe n'a jamais été inquiété au sein du bloc régional en raison de ses divisions entre les partisans du président Mugabe, le plus vieux chef de l'Etat africain et héros de l'indépendance, et ses opposants. Même pendant les violences qui ont suivi la défaite du clan présidentiel aux élections générales de 2008, la Sadc n'a pris aucune sanction. Un gouvernement d'union a finalement vu le jour l'année suivante sous l'égide de la région et la situation s'est stabilisée. Durant ce 30e sommet débuté lundi, les 14 chefs d'Etat et de gouvernement entendaient féliciter le Zimbabwe sur ces progrès tout en le poussant à régler certaines questions comme les nominations de hauts responsables et l'élaboration d'une nouvelle Constitution. Cette bienveillance tranche avec l'attitude de la Sadc envers Madagascar. Seulement quelques jours après l'éviction du président Marc Ravalomanana par l'ancien maire d'Antannarivo Andry Rajoelina en mars 2009, le bloc régional avait fait preuve d'une fermeté exceptionnelle en suspendant Madagascar. Après des accords signés à Maputo non appliqués puis une nouvelle tentative de la médiation internationale en mai, le médiateur Joaquim Chissano devait présenter à la région les nouveaux développements survenus à Madagascar. Sur le volet économique, les membres de la Sadc vont fixer une nouvelle date pour lancer l'union douanière qui devait débuter cette année. Ils ont également prévu de consolider leur zone de libre-échange, lancée en 2008, pour pouvoir l'unir avec le marché commun de l'Afrique australe et de l'Est (Comesa) et la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC).