Le Sommet de Lusaka a pris acte de «l'inquiétude» de l'opposition «face aux délais dans l'annonce des résultats...» Un Sommet marathon de l'Afrique australe a accouché, hier, d'un appel très pesé au respect de la loi électorale au Zimbabwe, où l'annonce d'un recompte des voix risque de prolonger l'angoissante attente des résultats de l'élection présidentielle du 29 mars. ´´Le Sommet demande que l'autorité électorale du Zimbabwe fasse oeuvre de diligence dans la vérification et la publication des résultats´´ de la présidentielle, indique une déclaration commune publiée après 13 heures de négociations acharnées. Les chefs d'Etat et de gouvernement réunis à Lusaka ´´exhortent toutes les parties au processus électoral au Zimbabwe d'accepter les résultats lorsqu'ils seront annoncés´´, ajoute le texte de quatre pages, qui ne mentionne pas, une seule fois, le nom du président Robert Mugabe. Se démarquant toutefois de l'habituelle complaisance régionale vis-à-vis du régime au pouvoir à Harare depuis l'indépendance en 1980, l'Afrique australe exige que ´´la vérification et le décompte des résultats (se fasse) en présence des candidats et de tous leurs représentants.´´ S'il en ressort qu'un second tour est nécessaire, la Sadc ´´demande au gouvernement (zimbabwéen) que celui-ci puisse se tenir en toute sécurité´´, offrant d'envoyer une nouvelle mission d'observateurs. A l'ouverture du Sommet, samedi, le chef d'Etat zambien, Levy Mwanawasa, qui préside la Communauté de développement d'Afrique australe (Sadc), avait exhorté ses pairs à ´´ne pas ignorer´´ l'ampleur de la crise au Zimbabwe. Ces propos contrastaient avec ceux du président de la première puissance régionale, le Sud-Africain Thabo Mbeki, qui avait estimé, quelques heures plus tôt, à Harare qu'il n'y avait ´´pas de crise´´ dans le pays. Mbeki avait fait un détour sur le chemin de Lusaka afin de s'entretenir à Harare avec le plus vieux des chefs d'Etat africains, héros de la lutte contre la suprématie blanche dans l'ancienne colonie britannique, qui a snobé le Sommet. Entre ces deux approches, la Sadc a navigué au plus près. Le Sommet a pris acte de ´´l'inquiétude´´ de l'opposition ´´face aux délais dans l'annonce des résultats et (...) son exclusion du processus de vérification´´. Mais il a réitéré le jugement des observateurs de l'organisme régional, qui avaient qualifié de ´´juste, équilibré et paisible´´ le processus électoral jusqu'au 29 mars. Les dirigeants régionaux affirment que l'opposition zimbabwéenne partage cette appréciation. Selon le ministre zambien des Affaires étrangères, Kabinga Bande, le Sommet a discuté du recompte des suffrages dans 23 circonscriptions sur 210, annoncé par Harare pendant la réunion. ´´S'il doit y avoir un recompte, il faut qu'il ait lieu dans le respect de la loi et en présence de toutes les parties´´, a-t-il dit. La Commission électorale du Zimbabwe, qui invoque des plaintes ´´fondées´´, entend reprendre le décompte de la présidentielle dans ces circonscriptions, mais aussi celui des législatives, des sénatoriales et des municipales, organisées simultanément. La manoeuvre, immédiatement qualifiée de dilatoire par l'opposition, peut renverser la majorité à la chambre des députés en faveur du parti au pouvoir, à qui il suffirait d'emporter neuf sièges supplémentaires. La contestation porte, en effet, sur 18 circonscriptions enlevées par le Mouvement pour le changement démocratique (MDC, opposition) et cinq par l'Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF, au pouvoir). Selon les résultats initiaux de la Commission, la Zanu-PF a perdu pour la première fois, en 28 ans, sa majorité à la chambre basse, avec 109 sièges au MDC, contre 97 au parti au pouvoir et 1 à un indépendant. La justice doit, quant à elle, se prononcer aujourd'hui sur un recours du MDC qui exige la publication immédiate des résultats de la présidentielle. ´´Nous aviserons à partir de là´´, s'est borné à commenter le secrétaire général de la Sadc, Tomaz Salomao. Le Sommet a, par ailleurs, demandé à Mbeki de poursuivre sa médiation au Zimbabwe pour trouver une issue à l'impasse postélectorale. Le président sud-africain devra ´´faire preuve de plus de vigueur, de davantage d'ouverture et doit complètement abandonner sa diplomatie dite discrète´´ vis-à-vis de Mugabe, a réagi le secrétaire général du MDC, Tendai Biti. Le leader du MDC, Morgan Tsvangirai, avait demandé à la Sadc de condamner ´´la dictature´´ de Mugabe. Invité à Lusaka, il a été pressé par le Sommet de fournir la preuve de la validité de la victoire qu'il revendique.