Le dossier a ravivé les rivalités politiques entre les socialistes et le parti du président. «Il est complexe d'instaurer en France la déchéance de nationalité.» Ces propos tenus hier par le ministre de l'Immigration Eric Besson fragilisent davantage le président français Nicolas Sarkozy qui défend contre vents et marées ce projet. Pour Besson, cela doit rester absolument «une procédure exceptionnelle». «Passer de la situation actuelle à une autre, c'est complexe. Mais complexe, c'est un mot qui n'interdit rien, me semble-t-il», a-t-il ironisé. Une manière de dire que même complexe le principe adopté par le Parlement peut être appliqué sur le terrain. Le débat qu'a soulevé le discours prononcé par Sarkozy à Grenoble où il a annoncé une série de mesures pour combattre la violence et la délinquance, dévie. Hier, le fondateur de Mediapart, Edwy Plenel, a qualifié le président Nicolas Sarkozy de «délinquant constitutionnel», estimant que dans son discours de Grenoble il avait «violé la Constitution» en proposant la déchéance de la nationalité pour certains criminels d'origine étrangère. Evoquant sur France Inter un contexte de «crise morale» autour de l'affaire Woerth, M.Plenel a noté une «immense sortie de route de l'homme qui est chargé de veiller au respect de la Constitution et qui la viole par ses paroles de Grenoble». «Nous sommes dans un moment grave, un moment où il faut le rappeler à la loi», a ajouté M.Plenel. «C'est un délinquant constitutionnel, notre président. Il a violé la loi qu'il est chargé de faire respecter», a-t-il ajouté. La réponse de L'UMP ne s'est pas fait attendre. Dans un communiqué publié sur sa page Facebook, Dominique Paillé, porte-parole du parti présidentiel, répond à Edwy Plenel, «Monsieur Plenel, vos propos et votre comportement font mal à la France», écrit Dominique Paillé, qui ajoute: «C'est à l'évidence vous qui êtes un vrai délinquant du journalisme!» Les socialistes ont tiré à boulets rouges contre ce projet le qualifiant de «dérive antirépublicaine» L'ancien secrétaire national du PS à l'égalité, Faouzi Lamdaoui, avait, lui, estimé que la mesure voulue par Nicolas Sarkozy de déchoir de la nationalité française certains criminels d'origine étrangère était une stratégie électoraliste destinée à séduire l'extrême droite. Les socialistes ont critiqué avec vigueur le bilan du président de la République en termes de sécurité. «Ce sont presque dix ans de pleins pouvoirs pour Nicolas Sarkozy, comme ministre de l'Intérieur et président de la République, une trentaine de lois votées, des déclarations de guerre depuis des années qui n'ont jamais eu de résultats» estime le député Arnaud Montebourg. Pour lui, Nicolas Sarkozy anticipe la future élection présidentielle et cherche, de toute évidence, à se rallier l'électorat de l'extrême droite. Rappelons que le président français a évoqué en conseil des ministres que la déchéance de la nationalité, dont il avait évoqué l'extension dans son discours de Grenoble la semaine dernière, existait déjà dans le droit français.