L'important dispositif sécuritaire mis en place n'a pas dissuadé ces jeunes de commettre leur forfait. Depuis une quinzaine de jours, la ville de Bouira connaît une nette recrudescence de la violence. Tout le monde se rappelle la mort tragique, en ce début du mois d'août, d'un jeune transporteur tué d'un coup de couteau lors d'une altercation. Mardi dernier, un jeune est agressé à l'arme blanche devant la mosquée de la cité des 1100 Logements. Ayant reçu des coups à l'abdomen, la victime a été transférée à l'hôpital Med-Boudiaf dans un état critique. Un homme rentrant chez lui après la prière des Taraouih est pris à partie par des cambrioleurs qui avaient violé son domicile situé en face de l'hôtel Soufi. Au douzième jour de ce mois de jeûne, une bande de jeunes originaires de Taghzout sont venus semer le trouble au chef-lieu. L'intervention rapide des forces de l'ordre et de l'unité antiémeute a évité le pire, surtout que des bandes de la ville voulaient en découdre avec ces «envahisseurs» qui apparemment n'ont toujours pas digéré l'affront de l'année dernière où ils ont été chassés de la ville après une bagarre. L'important dispositif sécuritaire mis en place a, certes, dissuadé beaucoup de petits voyous qui tentent chaque soir de perturber la quiétude des citoyens. Ce même dispositif doit passer à un autre stade en filtrant, mais surtout en sanctionnant, les fautifs. «Le couteau n'est plus cette arme blanche qu'on cache et qu'on évite de montrer. Ils exhibent des couteaux et n'hésitent pas à les utiliser», dénonce un quinquagénaire. Issus en majorité des quartiers périphériques, des jeunes circulent en groupe et guettent les plus fragiles. Un père de famille, sa femme et son enfant ont dernièrement fait les frais de ces hordes à la sortie nord de la ville, quand l'homme a été agressé et délesté de son argent et de son portable sous l'oeil de son épouse et de sa petite fille. Récemment, un policier dans l'exercice de ses fonctions, voulant interdire à un jeune la pose d'un étal sur la voie publique, a reçu plusieurs coups sur la tête. Dans la nuit de jeudi à vendredi, un magasin de matériel informatique situé dans une grande artère a reçu une visite nocturne avant d'être vidé de son contenu. La recrudescence résulte du nombre de personnes qui sortent la nuit. Pour un résident de la cité Aïnouche-Hadjila ex- Evolutive, longtemps étiquetée de cité des voyous, les auteurs, même s'ils ont des complicités locales, ne sont pas de Bouira-ville. Ils viennent des alentours. Pour argumenter sa thèse, notre interlocuteur nous montre les voitures garées dans tous les sens. «Quelqu'un qui habite Bouira ne sort pas avec son véhicule pour un petit tour en ville. Les jeunes de Bouira sont connus pour préférer chacun sa houma.» L'appel aux éléments des unités républicaines n'est pas seulement dissuasif, mais un moyen radical pour riposter à l'avancée du banditisme mineur. «Les pickpockets et autres malfrats saisissent l'occasion de ce flux humain pour tenter de glaner quelques objets et argent. Nous intervenons conformément à la loi et à nos attributions. Quand on arrête un suspect, nous investiguons et nous remettons les inculpés à la justice. Nous travaillons au quotidien et sans relâche», nous dira un officier qui a voulu garder l'anonymat. Les voyous calculent leur coup. Certains de bénéficier des différentes grâces et sachant que pour les petits délits les peines sont mensuelles, ils travaillent à découvert.