A Boudjima, les soirées de Ramadhan ressemblent aux autres journées: plates, mornes et sans relief. Quelques minutes après la rupture du jeûne, les cafés se remplissent et grouillent de monde. Toutes les générations se rencontrent autour d'une tasse de café longtemps désiré. Autour des tables, se forment des groupes pour des parties de dominos et de loto. Sur les places publiques, d'autres sortent discuter avec des voisins et des amis. Durant la journée, ceux qui ne travaillent pas évitent les discussions. Le déficit en nicotine et en caféine agit sur les nerfs et le moral. En un mot, rien d'extraordinaire, aucune animation culturelle ou loisirs...A travers tous les villages de la commune, comme Afir, Boudjima, le chef-lieu et Tarihant, les trois plus grands centres urbains, vingt jours se sont écoulés sans aucun gala, aucune activité culturelle ou sportive. Ceux qui n'aiment pas fréquenter les cafés sont contraints à déambuler pour discuter et digérer. Pourtant, la commune de Boudjima possède trois maisons de jeunes. A Afir, ce lieu est déserté par les jeunes qui préfèrent l'oublier complètement. A Boudjima, chef-lieu, les jeunes l'ont déjà oublié tout comme à Tarihant où les cafés sont nombreux. Aucun gala artistique malgré la profusion des jeunes artistes en herbe. Ces soirées devraient être l'occasion pour eux de se faire connaître du grand public. Les disc-jockeys qui beuglaient toutes les nuits jusqu'au matin avant ce mois se sont tus comme par enchantement. Pourtant, ces machines peuvent assurer une ambiance festive pour une grande majorité de la population juvénile durant ces soirées de Ramadhan. Par ailleurs, la responsabilité de ce vide culturel, doit-on le signaler, n'incombe pas aux seuls responsables locaux. Loin s'en faut, car les jeunes doivent bouger et se prendre en charge. Les infrastructures sont nombreuses mais, hélas, abandonnées. Les maisons de jeunes qui restent vacantes n'attendent que des initiatives pour accueillir des groupes de musique et autres. Les jeunes doivent apprendre à s'organiser et acquérir du matériel par leur propre «débrouillardise». Les temps de l'assistanat sont révolus! Là où la responsabilité des responsables locaux est, par contre, engagée, c'est le déclin du mouvement associatif. Le manque de subventions de la part des communes et des services de la wilaya a fini par avoir raison de toutes les associations qui animaient, dans les années 90, la vie culturelle communale. Où sont passées Asurif, Taneflit, Tara et Azrou Imeyyazen?