La répression dont font preuve les forces d'occupation marocaines, a atteint un tel degré de férocité que le pire est à craindre. Le gouvernement espagnol a été interpellé par le secrétaire général de ICV (Initiative pour la Catalogne Verts) dans le but de rappeler son ambassadeur au Maroc pour consultation. Motif: l'intervention musclée et sans ménagement contre des manifestants espagnols. Ils avaient apporté leur soutien, samedi à El Aâyoune, au respect des droits humains au Sahara occidental et manifesté en faveur de la fin de l'occupation marocaine du Sahara occidental. Il y a quelques jours, le représentant du Front Polisario en Espagne, Bouchraya Beyoun, a adressé une invitation au chef de la diplomatie espagnole pour visiter les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf. Ceux-là mêmes que le gouvernement marocain continue de qualifier, sans vergogne, de «séquestrés». «Moratinos s'est rendu au Maroc, en Algérie, en Mauritanie, mais il n'a jamais été au Sahara et cela nous intéresserait beaucoup qu'il vienne. Nous l'invitons à visiter les camps, voir que nous sommes en train de construire un Etat, une société», a déclaré le responsable sahraoui à EFE qui, il faut le signaler, est la principale agence de presse en langue espagnole au monde. Le Front Polisario continue à sensibiliser la communauté internationale. Répondra-t-elle à ses appels pacifiques sans cesse réitérés? La dernière cartouche, celle du dialogue, a-t-elle été épuisée? Si l'on en juge par les tout derniers développements dans les territoires occupés, on ne peut que redouter le pire. Sans faire preuve d'un état d'esprit belliqueux, le Front Polisario est pratiquement mis au pied du mur. Les dernières déclarations du Premier ministre de la République sahraouie indiquent qu'inévitablement le conflit du Sahara occidental est à un tournant crucial. «Toutes les options sont ouvertes pour la libération et le recouvrement de l'indépendance, le peuple sahraoui est prêt pour le sacrifice», avait souligné Abdelkader Taleb Omar lors de son discours de clôture de l'université d'été des cadres sahraouis, ouverte depuis le début du mois d'août à Boumerdès. Les responsables sahraouis n'ont jamais caché que le recours aux armes demeurait une option à laquelle ils pourraient faire appel mais seulement après avoir épuisé toutes les voies pacifiques. «Nous avons toujours privilégié la voie pacifique et nous sommes toujours disposés à discuter s'il y a une volonté marocaine dans ce sens. Aujourd'hui, nous estimons qu'il est peu probable que le Maroc se conforme à la légalité internationale. La demande de reprise des armes émane du peuple sahraoui et pas seulement des militaires du Polisario», avait averti M'hamed Kheddad, porte-parole du 12e congrès, qui s'est tenu il y a déjà près de trois ans à Tifariti, dans les territoires libérés. La patience peut avoir des limites. Ce stade ultime qui pousserait les Sahraouis à embrasser de nouveau la lutte armée est-il sur le point d'être atteint? Les négociations sont en tous les cas dans l'impasse. C'est une certitude. En effet, l'envoyé spécial de l'Organisation des nations unies pour le Sahara occidental, dans une lettre adressée au mois de juin dernier aux principaux pays (Etats-Unis, Russie, Grande-Bretagne, Espagne et France), qui suivent de près le dossier du Sahara occidental, a confirmé cet état de fait. «Le statu quo est inacceptable à long terme», a fait remarquer Christopher Ross qui a dénoncé l'intransigeance dont font preuve les autorités marocaines qui ne jurent plus que par leur proposition de large autonomie. Mohammed VI maintient ce cap. «Nos adversaires persistent dans leurs manoeuvres désespérées visant vainement à l'entraver et à torpiller la dynamique prometteuse qu'elle a enclenchée en vue du règlement définitif tant souhaité, aux niveaux international et régional, de ce différend artificiel», avait déclaré l'héritier du trône marocain, le 20 août, dans une allocution prononcée à l'occasion de l'anniversaire de la Révolution du roi. Le Sahara occidental est sans conteste sur une poudrière. C'est sans doute sans compter sur le pragmatisme et le savoir-faire de la jeune diplomatie sahraouie qui mettra un point d'honneur à éviter l'explosion.