Les ministres français de l'Immigration et des Affaires européennes convoqués par la Commission européenne. Le président Nicolas Sarkozy organise vendredi une réunion pour arbitrer sur les modalités de déchéance de la nationalité française, une mesure très controversée qui s'appliquerait aux polygames et à certains criminels d'origine étrangère, a annoncé un ministre. Nicolas Sarkozy présidera une réunion d'arbitrage sur les amendements destinés à déchoir de leur nationalité des Français naturalisés condamnés, a indiqué le ministre de l'Immigration Eric Besson à la télévision LCI. C'est le président de la République et le Premier ministre, François Fillon, qui arbitreront cette fin de semaine, a déclaré M.Besson. Des divergences entre les propositions d'Eric Besson et celles du ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, apparaissent dans les propositions soumises à l'arbitrage du chef de l'Etat. Le ministre de l'Intérieur a préparé deux amendements législatifs destinés à déchoir de leur nationalité des Français naturalisés et condamnés. Le premier crée un délit alliant polygamie de fait, escroquerie et abus de faiblesse. Il s'agit de sanctionner des personnes qui, au nom de l'Islam et en entretenant des relations avec plusieurs femmes, bénéficieraient frauduleusement de prestations sociales. Le second prévoit de retirer la nationalité française à toute personne d'origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d'un policier, d'un gendarme ou de tout autre dépositaire de l'autorité publique. Il concernerait les étrangers naturalisés depuis moins de dix ans, et condamnés à une peine d'au moins cinq années d'emprisonnement. Le ministre de l'Immigration a reconnu une divergence juridique avec son collègue de l'Intérieur: M.Besson souhaite que les amendements soient limités scrupuleusement aux crimes les plus graves, ceux qui portent atteinte à l'Etat, à la nation. Il a ainsi dit avoir un certain nombre de réserves sur la possibilité de sanctionner la polygamie par la déchéance de nationalité. Toutes ces propositions découlent de la politique sécuritaire renforcée définie fin juillet par le président français. Après plusieurs faits divers très médiatiques, il avait annoncé des mesures ciblant particulièrement les immigrés et les Roms. Le lien ainsi établi entre insécurité et immigration, et les expulsions vers la Roumanie et la Bulgarie de membres de la communauté rom, ont soulevé un concert de critiques en France et à l'étranger. Les proches du président français Nicolas Sarkozy veulent encore augmenter les expulsions de Roms vers la Roumanie et fixer d'assez larges conditions de déchéance de la nationalité française. Après les hésitations du chef de la diplomatie, Bernard Kouchner, qui a dit avoir songé à la démission, un autre ministre d'ouverture, la secrétaire d'Etat chargée de la politique de la Ville, Fadéla Amara, s'est démarquée de la politique sécuritaire du pouvoir. La ministre s'est déclarée contre l'élargissement des conditions de déchéance de la nationalité, actuellement limitées aux cas de condamnation pour terrorisme et/ou atteinte à la sûreté de l'Etat. Ancienne militante associative issue de l'immigration, Fadéla Amara a expliqué ne pas accepter qu'on mette les gens d'origine étrangère en insécurité, comme elle s'est dit opposée aux expulsions de Roms également au centre d'un débat controversé. La ministre a cependant exclu de quitter le gouvernement. De son côté, le ministre de la Défense, Hervé Morin, positionné au centre-droit, s'était élevé dimanche contre ceux qui confondent la délinquance et l'immigration. Le ministre de l'Immigration, Eric Besson, a ainsi annoncé de nouvelles mesures pour lutter plus efficacement contre les filières d'immigration clandestine et de traite des êtres humains en provenance de Roumanie et Bulgarie, dans le cadre d'un projet de loi qui sera soumis le 27 septembre à l'Assemblée nationale. Le Premier ministre, François Fillon, est sorti de sa réserve pour fustiger la surenchère parmi ceux qui, dans son camp, se sont servis de ce thème pour des motifs politiques, tout en défendant sur le fond une politique qui respecte la loi. Déjà rappelée à l'ordre par l'ONU et par le pape, la France devra s'expliquer à Bruxelles: les ministres français de l'Immigration, Eric Besson, et des Affaires européennes, Pierre Lellouche, doivent discuter de la situation des Roms avec la Commission européenne.