Le comité de village a déposé plainte pour diffamation et incitation au meurtre. L'affaire de la mosquée d'Aghribs ne cesse de connaître des rebondissements. Un autre épisode vient d'être enregistré en la visite d'un émissaire envoyé par le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs. Selon les responsables du comité du village d'Aghribs, qui nous ont rendu visite hier à notre bureau de Tizi Ouzou, «le comité en question a reçu, en date du 27 août dernier, dans l'enceinte de la mosquée de Sidi Djaffar» un chargé de mission de la part du ministre des Affaires religieuses et des Wakfs. «Cet émissaire nous a fait part du souhait du ministre de nous recevoir dans son bureau pour discuter du problème né de la tentative d'un groupuscule de 17 salafistes d'investir notre village avec, comme cheval de Troie, un projet de mosquée». Le comité de village estime qu'il n'échappe à personne que la population d'Aghribs est, depuis maintenant trois ans «soumise à un véritable lynchage médiatique. Cette campagne de désinformation et de diffamation, ponctuée par des appels au meurtre, est le fait d'une presse tendancieuse qui n'hésite devant aucun mensonge, mais dont les pages restent dramatiquement fermées à toutes nos tentatives de mises au point». Nos interlocuteurs précisent que le summum de cet acharnement médiatique a été atteint avec «l'immixtion de la chaîne de télévision satellitaire Al Jazeera qui, par la voix du chef de ces 17 activistes et un perfide montage d'images choquantes, a lancé un appel au djihad contre la population d'Aghribs». Pour les représentants du village d'Aghribs, il est aisé de comprendre que l'urgence n'est pas dans l'entrevue avec le ministre, initiative qu'ils saluent du reste, mais plutôt dans la nécessité de «dénoncer cette hystérie médiatique qui n'est pas sans préjudice sur l'intégrité physique et morale des citoyennes et des citoyens d'Aghribs» avant d'ajouter que «le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, au fait des tenants et aboutissants de cette affaire, se doit d'intervenir publiquement pour rétablir la vérité, d'autant que, dans cette campagne, est associé un ancien ministre d'Etat, président d'un parti siégeant au gouvernement». On a appris aussi que le comité de village a déposé plainte pour diffamation et incitation au meurtre: «cette plainte fait suite à une centaine d'autres contre le groupuscule incriminé. Le retard mis par la justice à traiter les actes délictueux dénoncés par l'ensemble de la collectivité villageoise amène à s'interroger sur le rôle et les objectifs de l'administration dans cette affaire, tout au moins certains d'entre eux». Les responsables du comité estiment que c'est pour cette raison qu'avant une entrevue, la communauté d'Aghribs attend du ministre des Affaires religieuses et des Wakfs une intervention publique rétablissant la réalité et précisant du même coup la position de son département ministériel. Nos interlocuteurs rappellent que sans la sagesse, la responsabilité et le civisme des villageois, «17 individus dont certains sont connus pour leur affiliation à des organisations étrangères, auraient provoqué le pire». Les mêmes citoyens ont confié que depuis que la population d'Aghribs a décidé de se protéger «en isolant ce groupuscule», des dizaines d'autres villages ont pris contact avec eux pour leur témoigner solidarité et les informer qu'ils sont nombreux à vivre la même situation..